Page 35 - Correspondance coloniale
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formation, un emploi et l’atteinte d’un âge prédéfini, et ce, même

            si son corps demande l’indépendance depuis bien longtemps !

            En réalité, il n’y a pas de phase de transition. Il y a une crise

            parce qu’un adulte n’est pas mis en capacité de s’assumer. Il est
            contenu dans un entre-deux où il ne peut pas exprimer tout ce

            qui se passe en lui, il est brimé. Le jeune adulte a une telle force

            physique et mentale, une impulsion vitale. Tout ce qu’il faut
            pour  créer  la  vie  et  renouveler  une  société  avec  une  énergie

            neuve. Il est plein d’espoir, il ose ! Et chacune de ses tentatives

            entraine l’évolution de sa communauté. Brimé, il souffre et sa
            communauté stagne, sa société se rigidifie.


                                          C’est     cela     la    « crise
                                          d’adolescence » :  dire  à  un

                                          individu  qu’il  est  fou  et
                                          l’enfermer  en  discréditant  cette

                                          force créatrice qui boue en lui.


                                          L’être  humain  déteste  se  sentir
                                          coincé,  il  est  fait  pour  évoluer.

                                          Quand il est maintenu au même
            stade, il y a crise. Comme un serpent dans l’incapacité de muer.



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