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2. Application des résultats céramologiques aux études de Chalencon et des Ollières
Les deux sites de Chalencon et Les Ollières s’insèrent dans le sujet de thèse d’Emilie Comes-Trinidad et se situent dans une aire géographique commune ; partant de ce postulat, la méthodologie appliquée à l’étude des corpus céramiques est identique. Chaque fragment est reporté sur un inventaire informatique réunissant à la fois comptages, descriptions et hypothèses de datation tout en respectant le contexte de découverte (n° d’US* ou d’UP*). Cependant, il faut aussi tenir compte des procédés d’interventions, à savoir d’une part la fouille programmée et de l’autre la prospection thématique. La différence de nature de ces opérations engendre des approches et des priorités distinctes sur la façon de présenter les résultats et sur les interprétations qui découlent de l’étude.
Les résultats livrés ici ont pour but d’illustrer par l’exemple l’apport de l’étude céramologique à la connaissance archéologique ; nous prions le lecteur de se reporter aux rapports de fouilles et à la bibliographie s’il souhaite approfondir le contexte archéologique des opérations ou le vocabulaire céramologique.
2.1 Chalencon
La fouille effectuée en août 2017 sur les ruines castrales de Chalencon n’a livré que 583 tessons pour 45 vases minimum ou « individus ». D’ores et déjà, il s’agit d’un corpus considéré comme numériquement faible pour le céramologue. L’humus, désigné par l’US 1002 et par essence composé de matériel hétérogène est en réalité très prolixe puisqu’il témoigne de la longévité de l’oc- cupation à cet endroit. En effet, quelques éléments sem- blent correspondre à un faciès de l’Antiquité tardive (communes rouges caractéristiques dont une à engobe cendreux), tandis que plusieurs jattes dont deux petites carénées (Pl. 1 : 1002.1) et une à décor moleté (Pl. 1 : 1002.2) sont assimilées à des productions connues à Chabrillan dans la Drôme (Maufras, 2006) ou place des Célestins à Lyon (Horry, 2000) entre les VIe-VIIIe siè- cles. Néanmoins, les éléments relatifs à la n du XIIe et au XIIIe siècle sont plus nombreux : quatre cruches à lèvre éversée et gorge interne (Pl. 2 : 1002.3) dont un fragment de bec ponté, quatre marmites à lèvres ho- rizontales nes (Pl. 3 : 1002.4, 1002.5), deux petites panses à glaçure parsemée de tradition médiévale, dont une avec décor de bande moletée. Les exemplaires de ce type sont multiples dans les contextes lyonnais (Fau- re-Boucharlat, 1990) et là encore, le site de Chabrillan offre plusieurs parallèles de cruches dans des contextes XIIe–XIIIe siècles. Infailliblement, l’humus apporte aussi deux tessons de l’ère moderne aux engobes et gla- çures lisses monochromes ou légèrement mouchetées. Ces derniers placent l’US dans une chronologie tardive mais la présence de céramiques typiques des premiers siècles du Moyen Age garantit une modeste installation humaine dès le haut Moyen Age que l’on peut rappro- cher des vicairies et villa de Chalencon citées au Xe siècle (Chevalier, 1891, Cartulaire de Saint-Chaffre,
Pl. 1 : 1002.1 et 1002.2
Pl. 2 : 1002.3 et 1011.1
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018 126
Pl. 3 : 1002.4, 1002.5, 1011.2