Page 130 - matp

Pl. 5 : 11.1 et 59.1
post-cuisson réductrice et facture similaire. Les pâtes sont majoritairement sombres, à gros dégraissant* af eurant en surface et aux modules variables. Or, aux alentours de l’An Mil, il s’agit du mode de cuisson majoritairement employé en région Rhône-Alpes (Horry, 2012). En revanche, les post-cuissons oxydantes représentent une part in me des lots, d’autant plus qu’elles ne sont pas systématiquement attribuables à la période médiévale. Par conséquent, il semble plus prudent de xer un TAQ dans la première moitié du XIIIe siècle. Une très légère transition se remarque dans le développement des lèvres de marmites que l’on retrouve au Cheylard, à une trentaine de kilomètres un siècle plus tard (Maza, 2012).
Le secteur des Ollières offre plusieurs perspectives de recherches : d’une part en ce qui concerne les dynamiques de peuplement en bordure de l’Eyrieux, et d’autre part
pour ce qui est de l’artisanat potier médiéval. En effet, le toponyme de la commune reprend la racine du mot « olla » qui deviendra « oule » dans le courant de la période carolingienne et qui désigne traditionnellement le pot médiéval (Horry, 2000). Les Ollières-sur-Eyrieux représentent donc un vif intérêt pour le céramologue dans le cas où les recherches archéologiques actives se poursuivraient. Les fragments récoltés lors des prospections s’avèrent correspondre à une production standardisée. La caractérisation des productions issues du centre potier et l’établissement d’une typologie seraient le fruit d’une étude inédite dans cette zone dépourvue d’opérations archéologiques.
Conclusion
Aux termes de ces deux études, le dialogue s’instau- re entre le céramologue et l’archéologue responsable des opérations. Les données de terrain doivent être confrontées à celles obtenues par l’étude du mobilier, a n de produire un discours scienti que méticuleux. Les résultats céramologiques semblent concorder avec ceux de la fouille du château de Chalencon, et la corré- lation entre toutes les données archéologiques mettent en lumière les dynamiques d’occupation du site. Aux Ollières-sur-Eyrieux, dont les vestiges d’un potentiel artisanat potier sont encore à découvrir, les recherches sur la commune ont tout intérêt à se poursuivre.
Mais cette recherche archéologique ne peut et ne doit se concevoir que par son ouverture et sa diffusion au plus grand nombre, et en premier lieu, aux habitants des territoires concernés par les investigations, acteurs vivants du patrimoine.
Pl. 1 à 4 : Dessins céramologiques de fragments issus des fouilles du Cheylard et des prospections des Ollières-sur-Eyrieux (auteur : Camille Meunier)
Lexique :
- Prospections pédestres : technique d’investigation archéologique consistant à ramasser de manière systématique et organisée le mobilier archéologique présent à la surface du sol.
- US Unité stratigraphique : strate ou couche résultant d’une action anthropique ou naturelle unique.
- UP Unité de prospection : subdivision de la zone de prospections constituant une unité spatiale et
topographique.
- Archéologie préventive : « L’archéologie préventive consiste à détecter et à sauvegarder les éléments
du patrimoine archéologique affectés ou susceptibles d’être affectés et détruits par les travaux
d’aménagements publics ou privés » (dé nition ministère de la Culture).
- Typologique : qui appartient à la typologie, fondé sur la typologie.
- Typologie : analyse et description des formes permettant une méthode de classi cation qui s’appuie sur
des caractéristiques internes.
- Trompe d’appel : instrument à vent en terre cuite.
- Dégraissant : ajout de nature diverse intervenant dans la préparation de l’argile (sables, roches broyées,
coquillages broyés...).
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018 128