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n° CCC et CCL). Les indices concernant l’An Mil sont très ténus ; s’observe surtout une reprise de l’occupa- tion à partir de l’extrême n du XIIe siècle, en lien avec l’installation du château cité dans les sources dès la n du XIe siècle (Giraud, 1856, III, n°157).
La céramique met aussi en lumière l’abandon progres- sif du château dans le courant du XIIIe siècle : pre- mièrement, les vestiges matériels se font rares, mais ce constatnesesuf tpasàlui-même.Cesontlesniveaux d’effondrement ou de démolition des maçonneries qui viennent con rmer cette observation pressentie par l’archéologue (US 1003, 1004, 1011, 2001, 2003), dans la mesure où elles fournissent toutes un mobilier céra- mique globalement homogène daté au plus tôt de la n du XIIe - XIIIe siècle. L’US 1011 est l’une des plus em- blématiques car elle livre un corpus uniquement com- posé de céramiques à post-cuisson réductrice, parmi lesquelles se distinguent quatre cruches et une marmite (Pl. 2-3 : 1011.1, 1011.2) ainsi qu’une panse à bande digitée assez ne. Le secteur sud est aussi représenta- tif du XIIIe siècle, bien que ces niveaux de destruction apparaissent plus brassés (quelques éléments ponctuels de l’Antiquité tardive mais aussi des intrusions moder- nes). Elles révèlent des formes à la typologie nalement peu diversi ée évoquées pour l’US 1011, mais aussi une multitude de panses très fragmentées aux parois nes et à glaçure transparente interne sur pâte rosée ou rouge. La proportion de l’arrivée de ces nouvelles productions, certes encore minoritaires par rapport aux communes grises, renforce l’hypothèse d’un TPQ au XIIIe siècle, d’autant plus que l’aspect de la glaçure rejoint le goût prononcé pour les vaisselles décorées du bas Moyen Age.
La structure en pierres sèches n°2002 offre un petit fragment de trompe d’appel* en pâte orangée et à l’apparence facettée qui n’est pas sans rappeler la fonction défensive du lieu. Cela vient aussi de nouveau attester l’abandon partiel et symbolique du castrum aux XIIIe-XIVe siècles, les exemples de trompes d’appel en contexte archéologique se multipliant au bas Moyen Age (Dieu, 2003). Une seconde structure assimilée à un pierrier dans la partie nord de la fouille (US 003) livre cinq restes de céramiques au faciès plutôt axé sur les XVe-XVIe siècles au vu des formes et revêtements. Plusieurs éléments trahissent la présence de formes reconnaissables : un pot en commune grise de type coquemar à lèvre triangulaire évasée épais et au décor de poucier (Pl. 4 : 003.1), une anse en haricot quasi ovale à glaçure kakie bien couvrante de cruche et une assiette appartenant à la catégorie des rouges décorées car comportant encore les traces d’un décor à la barbotine jaune sur fond rouge. Ces éléments sont typiques de la diversi cation du vaisselier à l’aube de l’époque moderne, tant du point de vue des productions que de la typologie (Horry, 2012).
En dé nitive, malgré le faible taux d’individus recueilli lors de la fouille de Chalencon, l’examen minutieux de la céramique a permis d’af rmer certains points relatifs à la chronologie, essentiels à la poursuite de
l’étude. En rassemblant à la fois les critères techniques et typologiques, il devient envisageable d’établir un catalogue des individus, lesquels sont confrontés aux exemplaires connus sur d’autres sites bien datés par la stratigraphie. Les lots de Chalencon ne sont pas étrangers à ce qui est déjà identi é en région Rhône- Alpes pour les périodes concernées, mais ils constituent une nouvelle source substantielle de références à l’échelle de l’Ardèche, relativement délaissée par la recherche. Chalencon s’insère dans un schéma d’approvisionnement local, d’autant plus que les pâtes présentent de fortes similitudes avec celles des Ollières. Les pots gris en pâte grossière ont une typologie peu développée, ce qui rend le répertoire assez limité et souligne le caractère multifonctionnel des ustensiles médiévaux. Quelques traces de suie s’observent sur les tessons mais il est dif cile de tirer des conclusions plus satisfaisantes en ce qui concerne leur(s) utilisation(s).
2.2 Les Ollières-sur-Eyrieux
Le travail de spatialisation des données mené sur le périmètre des lieux-dits Escoulen et Saint-Andéol, aux Ollières, couplé à l’étude céramologique donnent lieu à une cartographie précise de la répartition du mobilier pouvant être révélateur d’occupation(s) anthropique(s). Au total, 948 fragments dans un état de conservation discutable sont dénombrés, pour 112 individus plus ou moins exploitables. En l’absence de contextualisation stratigraphique propre à la fouille et selon les perturbations ultérieures du sol (labours, travaux...), il est logique de se confronter à plusieurs lots relativement hétérogènes. Nonobstant, une fois les céramiques du XIXe siècle écartées (faïences et porcelaines, engobées et glaçurées diverses polychromes), un faciès daté de la n du XIIe siècle - courant du XIIIe se dégage nettement. Il s’observe particulièrement dans les UP regroupées autour du hameau de Saint-Andéol et con rme l’importance de l’Eyrieux quant aux choix d’implantations humaines. Les indices des époques antérieuressontplusfaiblementreprésentésetdispersés de telle manière qu’une spatialisation rigoureuse ne saurait être envisagée.
A l’instar du site de Chalencon, cet horizon céramique est avant tout marqué par des formes de type marmites à lèvre horizontale en pâte grise (Pl. 5 : 11.1, 59.1) ainsi que par des cruches à lèvre éversée et gorge interne. 82% des tessons correspondent à des productions à
Pl. 4 : 003.1
127 Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018