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Extrait du Journal d’Aubenas du 30 novembre 1918
Réception des permissionnaires américains à Vals
1 200 permissionnaires américains sont arrivés dans la nuit de lundi à mardi à Vals par train spécial. Mais pour permettre à tous ces braves soldats de prendre l’indispensable repos, la réception of cielle a été réservée à mardi après-midi.
Vers 2 h 1⁄2 une foule énorme se portait dans le parc du Casino qui avait été choisi comme point de rassemblement pour l’organisation du dé lé. Là eut lieu la première manifestation et non la moins touchante de la gratitude populaire ! Mademoiselle Yvonne Doux, costumée en Alsacienne, et mademoiselle Dalverny, costumée en Lorraine, offrirent des eurs de bienvenue au capitaine Maul et à son lieutenant.
Ensuite le cortège s’ébranla conduit par des tambours et clairons. En tête s’avançait le drapeau américain mêlant ses couleurs aux trois couleurs françaises. On avait en effet eu l’heureuse idée de lui donner comme escorte d’honneur, le drapeau de nos vétérans et celui de nos médaillés. Et c’étaient encore les anciens combattants de 1870 et tous ces vieux soldats décorés qui formaient autour des drapeaux la garde d’honneur. Ensuite venait la Municipalité, le Comité franco-américain au grand complet. Et tout le monde se réjouissait de voir toutes les opinions étroitement unies dans la même manifestation de foi patriotique. Après s’avancent les troupes américaines dont l’allure martiale et les chants joyeux récoltaient d’interminables acclamations. A la suite se pressait une foule énorme de Valsois, de Valsoises, d’Albenassiens, de gens venus de tous les environs, qui ne cessaient d’applaudir les frères d’arme préférés des poilus. Soulevant au passage le plus vibrant et le plus bruant enthousiasme, le cortège parcourt les rues de la ville sous un véritable dôme triomphal de drapeaux enlacés.
Monsieur Champetier, Député-maire, prit la parole : « ... Accourus d’un élan magni que de votre lointain pays, qui par sa situation aurait pu se tenir à l’écart de cette guerre effroyable, vous n’avez connu jusqu’à présent dans les combats où vous vous êtes couverts de gloire que des visions de carnage et de sang. Ici, dans notre ville, dans nos campagnes qui l’environnent, entourés de l’affection et de la reconnaissance de toute une population qui sait ce qu’elle vous doit, vous trouverez une première récompense de vos fatigues et de vos peines... A l’arrière dans la paix de notre cité, vous serez encore en communion d’idées et de sentiments avec les Français. Ils vous aimeront dans votre repos, après la victoire, comme ils vous ont admiré dans la bataille ».
Monsieur Brun, vice-président du Comité franco-américain, remplaçant du président malade, prononça ensuite les quelques mots suivants : « Je vous salue soldats américains, qui méprisant les sous-marins allemands pirates, êtes accourus pour défendre à nos côtés la liberté du monde menacée par les Barbares. Au nom de tous mes compatriotes qui sont heureux d’accueillir en vous les frères d’armes de leurs chers poilus, soyez les bienvenus ».
En l’absence du Major Silcox, M. le capitaine Maul prit à son tour la parole et devant les soldats rangés en deux lignes, il remercia MM. Champetier et Brun de leur allocution et il dit à ses compatriotes sa profonde conviction du bien-être qu’ils trouveront à Vals. « Ici depuis deux mois, j’ai pu apprécier moi-même les efforts et la bonne grâce de tous et je suis sûr que chacun s’ingéniera à vous rendre le séjour agréable ». Ces paroles furent applaudies avec enthousiasme par les assistants et nos amis américains pourront constater que le capitaine Maul n’a point exagéré les sentiments de la population.
Puis au milieu d’un silence religieux s’élèvent, chantées par tous le soldats américains les strophes de l’hymne national américain suivi de notre incontournable Marseillaise chantée au milieu de l’émotion générale par toute la foule des assistants.
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018 24