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L’initiative de Pierre Audigier
Pierre Audigier, grande gure nationale du touris- me, fonda en 1904 le Syndicat d’Initiative du Vivarais à Vals-les-Bains. Ce fut le premier Syndicat d’Initiative de l’Ardèche. Une revue fut créée en 1907. En 1937, Pierre Audigier était responsable du pavillon du tou- risme et du thermalisme
à l’exposition univer-
selle de Paris. Il occu-
pait par ailleurs le poste
de directeur technique
à la verrerie de Labé-
gude. Lorsque le con it
éclata, Pierre Audigier
fut mobilisé à Paris
pour travailler dans les
bureaux. Il pro ta de
sa position dans la ca-
pitale avec l’appui de
son conseil d’adminis-
tration pour rencontrer
les autorités militaires
américaines. Il usa de son pouvoir de persuasion pour encourager les militaires à venir en villégiature et se reposer dans la station thermale de Vals-les-Bains. Le pays tout entier, et Vals en particulier, dont les saisons étaient très courtes et se ressentaient cruellement de la guerre, avait un intérêt évident, disait-il, à recevoir les soldats américains dont la présence sans interruption assurerait des recettes importantes et bienvenues. Ces soldats reçoivent une solde élevée qu’ils dépensent largement et leur présence serait un bien pour tout le pays. En janvier 1918, Pierre Audigier vient convain- cre le conseil d’administration du Syndicat d’Initiative de Vals d’accepter cet accueil.
Le choix de Vals-les-Bains - Labégude
L’initiative de Pierre Audigier fut couronnée de succès. La présence d’un casino, le parc de verdure mais aussi une forte capacité hôtelière et les nombreux garnis étaient incontestablement des arguments de poids pour séduire les responsables américains. En octobre 1918, une mission américaine chargée d’étudier les modalités du séjour des permissionnaires américains séjourne à Vals. Le meilleur accueil est fait au major Silcox, futur responsable du centre et au directeur de la YMCA. Le casino est loué et des contrats de location préparés avec les hôtels et les villas. En même temps, le maire, M. Champetier, décide de créer un Comité municipal qui aura pour mission d’entretenir des rapports étroits avec les délégués de la YMCA et de l’état-major des troupes américaines. Les membres de ce Comité seront le maire et ses adjoints, le docteur Chabanne, M. Arnaud, représentant les hôtels et locations, M. Chalandon, représentant des Eaux de Vals. Le maire invite aussi ses concitoyens à faire le meilleur accueil aux soldats américains, à pavoiser les maisons et « que chacun s’apprête à recevoir avec toute la cordialité ardéchoise les soldats de la liberté qui sont venus avec enthousiasme au secours de la France envahie ».
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018
Arrivée des permissionnaires américains
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Le premier contingent de 1 200 permissionnaires arrive par un train spécial le 25 novembre 1918. Une grande réception est organisée. Son déroulement fait l’objet d’un compte-rendu enthousiaste du Journal d’Aubenas. Cette arrivée de militaires dans la cité de
du Lautaret à Labégude, allèrent en longeant la voie ferrée voir l’arrivée des soldats américains. Elles dé- couvrirent sur le quai avec surprise, que ceux-ci distri- buaient aux enfants du chocolat, une friandise rare en ces temps dif ciles.
Les contingents de permissionnaires se succèdent jusqu’en 1919 : des départs ont lieu en février, mais la présence américaine est avérée le 5 avril avec une victime provoquée par un camion américain et le 19 avril lors de la fête votive où une musique américaine intervient. Les Archives américaines (NARA) ont conservé un état des unités ayant envoyé des détachements à Vals. Cet état est certainement incomplet, car curieusement, il comporte seulement des musiques militaires appartenant - semble-t-il - aux 247, 309, 312, 317èmes Régiments d’Infanterie et une unité de police militaire (247 et 248èmes régiments). Cette liste n’est pas en concordance avec le chiffre de 14 500 permissionnaires ayant séjourné à Vals, comme l’indique un état de la YMCA.
Les « Sammies » - les enfants de l’Oncle Sam ! - selon leur désignation familière, sont hébergés dans des hôtels ou des « villas » de location. Leur semaine de repos est rythmée par des promenades, du repos, sans doute, ainsi que par des excursions et des activités culturelles. Vingt-deux personnes, douze hommes et dix femmes américaines de la YMCA, organisent les séjours et ces activités.
Consignes américaines
Par un courrier adressé aux maires de Vals, Aubenas et Labégude et à la presse locale, le responsable du centre américain de Vals-les-Bains, le major Silcox, annonçait que par ordre du G.Q.G. des armées américaines il était strictement défendu à tout soldat américain d’accepter, d’acheter ou de boire aucune boisson en dehors des vins légers et bières. Il était interdit de vendre ou de donner du cognac ou toute autre boisson alcoolisée aux
Vals - Labégude fut une aubaine pour l’hôtel Sa- baton de Labégude qui pro ta de cette clientèle peu ordinaire. Pour ho- norer ses clients, sur la façade de l’hôtel, une enseigne indiquait : Américan Bar. La grand-mère de Michel Vernet, co-auteur de ces lignes, Elise Martin, et sa sœur Aline, dont les parents cheminots ha- bitaient dans la maison- nette n°10 au quartier