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 Les Américains à Vals-les-Bains pendant la Première Guerre mondiale
Bruno CHAIX, Michel VERNET
Lorsque la Première Guerre mondiale débute en Europe en 1914, les Etats-Unis adoptent d’abord une attitude neutraliste en accord avec leur longue tradi- tion isolationniste. Neutralité ne veut pas dire non-in- tervention mais ces interventions sont le fait d’initia- tives privées et conservent un caractère humanitaire. Le torpillage du Lusitania, paquebot britannique coulé par un sous-marin allemand le 7 mai 1915 avec 128 victimes américaines provoque des protestations du gouvernement des Etats-Unis mais l’implication mili- taire du pays est évitée. En novembre 1916, Woodrow Wilson est réélu président après avoir promis de tenir les Etats-Unis à l’écart de la guerre. Fin janvier 1917, il expose devant le Congrès sa doctrine d’une paix sans victoire. Il propose une « communauté de pouvoirs » qui serait une organisation garante de la paix mondiale. Il défend aussi la liberté de circulation sur les mers. Le 31 janvier 1917, l’Allemagne annonce la reprise de la guerre sous-marine contre tous les navires commerçant avec les ports anglais ou français, sans sommation. Le 3 février, la rupture des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Allemagne est of cielle. Neuf navi- res américains sont coulés et  n février 1917, les Bri- tanniques interceptent et diffusent un télégramme du ministre des Affaires étrangères allemand annonçant la guerre sous-marine et en cas de rupture de la neutra- lité américaine proposant aux Mexicains une alliance militaire et l’aide de l’Allemagne pour récupérer les territoires perdus en 1848. Ces nouvelles entraînent un basculement de l’opinion publique américaine et le 2 avril 1917, le président demande au Congrès de déclarer l’état de guerre avec l’Allemagne et propose une association avec les puissances de l’autre camp. Le Congrès vote la guerre le 6 avril 1917. La conscription est instituée le 18 mai. Trois millions d’hommes sont mobilisés et deux millions d’autres se portent volon- taires. Un Corps expéditionnaire est organisé aux or- dres du général Pershing. Décidé à conserver l’unité de commandement de ses troupes, Pershing s’oppose aux chefs militaires français et anglais qui veulent intégrer les Américains dans les unités existantes pour compen-
ser les pertes. La première division américaine débar- que à Saint-Nazaire en juin 1917, la deuxième arrive en septembre 1917. Face aux attaques allemandes du printemps 1918, l’effort américain s’intensi e et près de 600 000 hommes sont envoyés en Europe en juin et juillet 1918. En partie équipées avec des matériels français et britanniques, les unités américaines sont en- gagées sur le front à partir du printemps 1918, dans la Somme en mai, au Bois Belleau en juin, à Château- Thierry en juillet puis dans le saillant de Saint-Mihiel et en Meuse-Argonne de septembre à novembre. Ces engagements se feront au prix de 126 000 tués, 234 000 blessés et 4 500 disparus.
Les aires de repos
Un des problèmes importants auquel fut confronté le commandement du Corps expéditionnaire américain, fut de fournir des activités de repos et de récréation aux soldats. Les soldats français, britanniques et italiens pouvaient en effet retourner chez eux en permission pour vivre avec leur famille et leurs amis. Cela était impossible aux soldats américains et il devint évident qu’il fallait faire quelque chose, a n de maintenir le moral et de prévenir toute crise psychologique.
En août 1917, le secrétaire général de la YMCA (Young Men’s Christian Association), association caritative chrétienne, proposa de créer des aires de repos et de loisirs (Leave Areas). En 1918, des aires furent créées en Bretagne, Auvergne, Dauphiné, Ardèche, Hérault, sur la côte d’Azur, dans les Pyrénées, le Gard, les Alpes, sur le Rhin, en Italie et en Grande-Bretagne. Chaque soldat américain pouvait béné cier de sept jours « d’aire de repos et de loisirs » par tranche de six mois de front, si les conditions militaires le permettaient. Les transports de soldats permissionnaires étaient assurés par l’armée américaine. L’organisation des aires de repos et de loisirs était à la charge de l’YMCA et l’administration générale de l’opération assurée par le quartier général du SOS (Service of Supply).
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Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018
Vals - Allée Farincourt
 
























































































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