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5 juillet : Aujourd’hui, j’ai été de nouveau à la visite et je suis exempté d’exercice. Il ne faut pas que cela te chagrine car je ne suis pas bien malade.
15 août : Je suis désigné pour aller à La Bédoule, où sont réunis tous les Eclopés et les grossiers de toutes classes qui ne sont pas “mobilisables”.
1er septembre : Nous sommes à la caserne d’Aurel- les (1er RIC) et je fais partie de la 1ère compagnie de marche.
9 septembre : Nous sommes partis de Marseille, avons passé à Macon et sommes au cantonnement.
7 novembre : Nous avons quitté les tranchées hier soir et sommes au repos au même endroit. Je ne me suis pas encore battu.
23 novembre : Nous sommes toujours au repos et j’y passerai volontiers l’hiver si on nous y laisse.
18 janvier : Le bruit court que nous irons à Saloni- que mais pour le moment il n’y a rien de dit. Je ne sais quand je pourrai aller en permission car on commence par les vieux, ensuite les mariés et les pistonnés.
12 février : Nous sommes à Lyon et il est presque certain que nous irons là-bas à Salonique.
1er mars : Je t’ai écrit avant-hier t’annonçant la catastrophe du Provence et en même temps te faisant savoir que j’en avais échappé.
Nous sommes toujours à bord du navire-hôpital Tourville à Malte.
25 mars : Nous nous sommes embarqués pour Salo- nique sur le Théodore Mante, venant de Toulon.
28 mars : Nous avons débarqué à Salonique samedi. On nous a habillés, équipés et armés. J’ai tout laissé dans la mer. Je n’ai sauvé que mes chaussettes de laine forte qui étaient à mes pieds.
29 juillet : J’ai rejoint hier ma compagnie. Nous ne sommes pas loin des premières lignes mais il n’y a aucune action pour le moment.
4 août : Nous sommes au repos depuis hier soir. Nous ne sommes pas à l’abri des marmites mais nous avons une tranchée-abri. La journée a été très calme.
30 août : Même vie militaire. Nous sommes en ce moment en 1ère ligne et ce n’est pas là qu’est le plus grand danger.
14 octobre : je suis toujours dans les brancardiers. Lorsque le secteur est calme, on n’est pas trop mal.
17 octobre : J’ai été évacué hier du front vers Salo- nique : diarrhée et  èvre... la maladie n’est pas grave.
28 octobre : J’ai quitté l’Ambulance coloniale N°3 pour le Dépôt des Eclopés de Salonique.
22 décembre : Le 18 décembre j’ai été fait sortant des Eclopés et sorti le 19 avec un accès de  èvre. Je suis donc rentré à nouveau le 20.
28 janvier 1917 : Toujours au Dépôt des Eclopés. Le médecin m’a proposé pour être présenté à la commis- sion d’évacuation pour la France. La commission doit se réunir le 1er février. »
La correspondance connue de Jérémie est inter- rompue à cette date. Il semble qu’il ait séjourné encore quelques mois à l’Ambulance coloniale 2/57 à Saloni- que puis qu’il ait été évacué vers la France. Une lettre de sa mère le situe à Nice en avril puis à Rochefort (Garnison-dépôt du 3ème RIC) en juin 1917. Affecté en octobre au 22ème RIC, il est renvoyé en Orient  n 1917 - peut-être sur sa demande - et rejoint le 1er RIC.
« 3 janvier 1918 - Front de l’Armée d’Orient : Nous sommes toujours en réserve. Le secteur est calme.
9 janvier : Je suis arrivé hier soir à Salonique, le voyage s’est très bien passé. Je suis à l’hôpital Princesse-Marie. Je n’ai pas encore passé la visite pour mon œil.
14 janvier : Pas de nouveau pour le moment. L’œil va bien mieux et je compte bien sortir de l’hôpital mais toujours autant de tiré !
1er février : Pas de changement. Je suis toujours à l’hôpital et en attendant une partie des mauvais jours passe...
14 février - Hôpital de convalescence de Gradsbor : Je suis toujours à l’hôpital de convalescence. Je me suis embauché comme maçon et le métier me va très bien.
1er mars : Pas de changement. Mon œil va très bien et il n’y a pas à s’en faire.
5 avril : Je suis désigné pour le 3ème Colonial. Nous devons partir le 10 avril par le train jusqu’à Séclélovo et le reste on fera à pied comme d’habitude. On va faire un peu plus de tranchée ; il faut faire son devoir jusqu’au bout mais je ferai mon possible pour ne pas trop rester en ligne. A l’arrière c’est toujours meilleur. »
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018
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