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5. La campagne de Jérémie Giffon
Camille, Jérémie Giffon est né le 15 juillet 1888 à Saint-Genest-Lachamp (Ardèche) et devient agricul- teur à Albon. Réformé en 1909, il est déclaré apte en 1914 et incorporé en janvier 1915 à Marseille. Il est dirigé en mars 1916 sur l’Armée d’Orient où il séjour- nera jusqu’en 1919.
Il a laissé un lot de lettres envoyées régulièrement à sa mère à Albon et à son frère Romain, mobilisé et engagé sur le front de France. Cette correspondance n’a malheureusement pas été conservée
pour la période de février 1917 à
janvier 1918.
Les premières lettres font état
de son incorporation à Marseille en
janvier 1915 mais très rapidement il
est hospitalisé à la caserne d’Aurel-
les puis à l’hôpital militaire de Mar-
seille en n au centre des Eclopés à
Cassis. En octobre 1915, il rejoint
une unité combattante sur le front
français, le 4ème RIC puis le 3ème
RIC, alternant séjour dans les tran-
chées et périodes de repos dans la
région de Vitry-le-François. En fé-
vrier 1916, il est désigné comme
renfort pour l’Armée d’Orient au
titre du 3ème RIC et embarqué à
Toulon sur le paquebot « Proven-
ce » qui sera torpillé le 26 février à
la pointe sud de la Grèce. Il échappe
à la noyade et séjourne à Malte sur le bateau-hôpital Tourville, avant d’être envoyé à Salonique en mai, où il ne tarde pas à être hospitalisé puis placé au Dépôt des Eclopés. En août 1916, il rejoint une unité de son régi- ment, le 3ème RIC, en ligne dans la région de Monastir. Il sert comme cuisinier puis brancardier mais dès octo- bre, il est à nouveau hospitalisé et évacué à Salonique où il retrouve le Dépôt des Eclopés puis l’ambulance coloniale 2/57 jusqu’au premier trimestre 1917.
Il semble qu’il ait été alors rapatrié en France et affecté au 22ème RIC en 1917, mais une correspondance le situe à nouveau sur le front serbe au début de janvier 1918. Il est toutefois bientôt évacué pour des problèmes d’yeux sur l’hôpital Princesse-Marie de Salonique puis transféré en mars dans un hôpital de convalescents où il est utilisé comme maçon. Le 2 avril, il rejoint le Centre d’Instruction de la 17ème DIC (CID) toujours à Salonique puis est muté en août au 1er RIC qu’il rejoint dans la région du Lac d’Ostrovo au sud-est de Monastir. Atteint de conjonctivite, il ne participe pas aux opérations offensives menées par sa division à la mi-septembre et reste au CID. Lorsque sa division exploite les succès de l’offensive en Serbie et en Bulgarie, le CID se déplace à sa suite, de Prilep à Uskub et Nich et Jérémie suit le mouvement. En décembre, le CID embarque sur le Danube pour rejoindre Belgrade
et Jérémie retrouve le 1er RIC dans cette ville puis à Novi-Sad où il séjourne comme troupe d’occupation de la Hongrie et de la Roumanie.
Ces unités sont progressivement dissoutes au pre- mier trimestre 1919 et Jérémie est rapatrié dans des conditions qui ne sont pas connues puis démobilisé à Privas le 30 mars 1919.
« 23 mai 1915 : Je suis rentré hier à l’hôpital mili- taire. Je ne suis pas plus malade que cela.
Le paquebot Provence
13 juin : J’ai été présenté à la commission de ré- forme et j’ai été maintenu. Je pars demain pour Cassis.
26 juin : Nous ne trimardons pas trop pour le moment à Cassis. On nous fait ramasser des cailloux et manœuvrer.
29 juin : Je vais à l’exercice avec une vingtaine d’hommes qui sont comme moi pas bien lestes. On les a baptisé les “trois pattes”.
Dans la cale du Provence...
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Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018