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contre Monastir - on assiste à un quasi-immobilisme de ce front où opèrent cependant plus de 300 000 soldats alliés.
En 1917, la position de la Grèce reste incertaine, avec un premier ministre, Venizélos, favorable aux Alliés, et un roi, Constantin, qui penche pour les Empires centraux. De plus, les Grecs ont accepté la présence des forces alliées sur leur sol mais répugnent à subir les contraintes que celles-ci leur imposent. En juin 1917, la situation est débloquée grâce à une intervention militaire des Alliés à Athènes même, avec la participation d’un contingent français, qui entraîne l’abdication de Constantin, son remplacement par son ls et l’engagement de la Grèce au côté des Alliés.
Fin 1917, Clemenceau réussit en n à limoger le général Sarrail. Celui-ci est remplacé par le général Guillaumat qui redresse la situation de l’Armée d’Orient dans tous les domaines, organisation, instruction, moral et con ance entre les Alliés. Il prépare une offensive pour le mois d’août 1918 mais il est remplacé en juin par le général Franchet d’Espèrey. Ce dernier pro te des améliorations apportées par son prédécesseur et prend à son compte les projets d’offensive. Il dispose maintenant de quelque 600 000 hommes. En face, les Empires centraux comptent des effectifs à peu près semblables, essentiellement bulgares. Ceux-ci sont soutenus par des instructeurs allemands qui ont perfectionné le front défensif. Toutefois, le moral des soldats bulgares est bas. Franchet d’Espèrey décide de rompre le front bulgare dans la zone montagneuse dif cile du Dobrojolde, à l’est de Monastir. Deux
divisions françaises, appuyées par l’artillerie lourde, installée au prix de sérieuses dif cultés à plus de 2 000 mètres d’altitude, seront chargées d’ouvrir une brèche dans le dispositif défensif, qui sera ensuite exploitée en terrain montagneux par l’armée serbe.
L’attaque débute le 15 septembre 1918 et réussit parfaitement. Le dispositif linéaire défensif enfoncé, les Bulgares peinent à colmater la brèche car la médiocrité des voies de communication empêche le déplacement latéral des réserves. Le 24 septembre 1918, les Alliés s’emparent de Gradsko, important centre logistique bulgare, tandis que l’offensive se développe aux ailes dans le but de couper la retraite des forces bulgares à hauteur des vallées du Vardar et de la Drina. La prise d’Uskub par la brigade de cavalerie française du général Jouinot-Gambetta oblige la XIème armée allemande à capituler avec plus de 70 000 hommes. En quelques semaines, l’Armée d’Orient libère la Serbie et la Roumanie et envahit la Bulgarie puis l’Autriche- Hongrie. Aussi, le 30 septembre la Bulgarie demande un armistice alors que les unités alliées progressent vers le Danube et occupent So a.
Des interventions françaises sont organisées en direction d’Odessa et de Galatz pour tenir le front sud de la Russie contre les Bolchéviques. Constantinople est occupée à son tour et la Turquie signe un armistice le 30 octobre. Ceux que Clemenceau avaient appelé avec mépris « les jardiniers de Salonique », leur reprochant leur inaction, poursuivent la guerre cinq mois de plus que leurs camarades. En effet, ce n’est qu’en mars 1919 que les Poilus d’Orient sont rembarqués d’Odessa pour être rapatriés.
L’offensive décisive de septembre 1918
(Extrait de Max Schavion, Le front d’Orient, éd. Taillandier)
5 Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018