Page 31 - Eléments Post Replica - Théâtre Louis Calaferte Tarabuste_Classical
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PATRICK PELLOQUET
UNE RENCONTRE
C’est Jean-Pierre Miquel qui m’a transmis le virus Louis Calaferte.
J’ai été son assistant au Centre dramatique national de reims. Jean-
Pierre, à l’origine des créations de plusieurs textes de Louis Calaferte
à Amiens ou au « petit Odéon », connaissait mon goût pour « les
personnages du quotidien » et le sens de la dérision…
il avait confié à denis Llorca, metteur en scène associé au Centre
dramatique le soin de monter Les Mandibules quelques années aupa-
ravant et il m’a offert le texte…
J’ai donc fait la connaissance de Louis Calaferte par le théâtre,
par Les Mandibules, pièce que je montai en 1996. Cette œuvre fut
pour moi une révélation…
MÉCANISME ET MUSICALITÉ DU TEXTE
Je faisais l’expérience en écoutant le texte lu à haute voix par les
acteurs de la nécessité d’un rythme, d’une articulation, de l’affirma-
tion, parfois péremptoire, des mots pour « entendre le dérisoire »,
le vide, le « rien », la solitude…
Les personnages habillent de certitudes verbales des vides exis-
tentiels. des phrases aux limites du «lieu commun», des proverbes
qui se transmettent de génération en génération, des mots aux sono-
rités accordées viennent rassurer des personnages angoissés par le
« silence », seul écho à leur attente…
Pas de psychologie, de temps psychologique, mais seulement des
variations mécaniques et musicales…
Le plaisir du jeu se cache dans le plaisir de prononcer, de mâcher,
d’articuler, d’affirmer. La musique se révèle d’elle-même, les doubles
ou triples croches phonétiques font apparaître les doubles ou triples
sens du verbe et l’on « s’amuse »… 31