Page 26 - Eléments Post Replica - Théâtre Louis Calaferte Tarabuste_Classical
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Ce parcours des textes de Calaferte vérifie certes les propos de                     nOteS :
                    l’auteur sur sa production théâtrale, y compris dans la façon dont                     1. Au nombre de celles-ci, Clap, dont l’écriture embrasse neuf années (1977-1986),
                    ces propos se révèlent contradictoires. Baroque, c’est en effet tout le                n’est pas vraiment une pièce de théâtre, mais plutôt une succession de scénarios
                    théâtre de Calaferte qui l’est si baroque désigne un théâtre de l’écart,               très brefs, tout au plus une pièce imaginaire. elle est injouable, pour des raisons
                    un théâtre non traditionnel, un théâtre figural. Les drames qui s’y                    qui tiennent à l’économie du théâtre avec laquelle elle est peu compatible. C’est
                                                                                                           pourquoi elle n’a pas été prise en compte dans cette étude, même si elle présente
                    jouent ne sont pas des morceaux de la réalité, mais des métaphores                     des caractéristiques communes aux autres pièces du corpus « baroque ».
                    de la vie sociale, construites pour interroger notre vie sociale bien                  2. Louis Calaferte, L’Aventure intérieure. entretiens avec Jean-Pierre Pauty, Julliard,
                    réelle. de ce point de vue, tout le théâtre de Calaferte est bien un                   1994, p. 143-44.
                    théâtre non conformiste, dans sa structure, dans ses propos, dans                      3. Louis Calaferte, Choses dites. entretiens et choix de textes, Le cherche midi, 1997,
                    ses images… à l’exception des trois pièces isolées, Clotilde en raison                 p. 52-53.
                    de sa noirceur et de son réalisme, Créon et La Mort du prince en                       4. … ce qui n’en fait pas pour autant un spectacle injouable: Un Riche, trois pauvres
                    raison de leur conformité à la convention du drame en costumes                         a été joué un peu partout en france à la fin des années 1990 par la Compagnie
                    du XX siècle. Mais il est également vrai qu’une partie seulement de                    Carcara, dans une mise en scène d’Hélène ninerola.
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                    ce théâtre, même s’il est largement majoritaire — plus de la moitié                    5. Cher Antoine ou l’Amour raté (1969), Ne réveillez pas Madame (1970), Le Directeur
                                                                                                           de l’Opéra (1972).
                    des pièces —, est plus spécifiquement baroque si le « théâtre baroque»                 6. respectivement L’Alouette (1953), Becket ou l’Honneur de Dieu (1959), La foire
                    est celui qui, à partir d’une vision du monde comme théâtre, se                        d’empoigne (1962).
                    propose de représenter ce monde, de mettre en scène ce que Calaferte                   nb : eurydice, Antigone et Médée n’appartiennent pas aux pièces « costumées »
                    nommait « l’univers kaléidoscopique ». Ce n’est pas le seul trait qui                  mais aux pièces « noires » : ces épisodes de la mythologie grecque sont adaptés par
                    rattache ce théâtre à la famille du baroque européen du XVii siècle.                   Anouilh en costumes modernes.
                                                                      e
                    Ce théâtre est aussi celui qui, à la façon de l’auto sacramental Le                    7. Le Rendez-vous de Senlis (1937) appartient aux « Pièces roses », La Répétition ou
                    Grand théâtre du monde de Calderón, fait défiler le monde en faisant                   l’Amour puni (1947) et Colombe (1951) appartiennent aux « Pièces brillantes », La
                                                                                                           Grotte (1961) appartient aux « Pièces grinçantes ».
                    jouer des personnages qui ne sont que des types, des allégories de                     8. respectivement : L’Amour des mots, Un riche, trois pauvres, Opéra bleu (2 occur-
                    l’Humanité, dans une conception contemporaine de ce qu’est un                          rences), Aux armes, citoyens !, Le Délinquant.
                    monde tragique. dans l’univers du premier baroque, celui de                            9. respectivement : Aux armes, citoyens !, Le Roi Victor.
                    Calderón, l’essence du tragique tenait à ce que notre monde n’était                    10. à l’exception du «naturel constant» et de la «conviction sans outrance» demandés
                    qu’un lieu de passage. notre monde contemporain, celui de Calaferte,                   aux comédiens à charge d’interpréter Le Roi Victor.
                    comme celui de beckett, est un monde sans dieu, un monde sans                          11. Henri bergson, Le Rire, Presses universitaires de france, « quadrige », 1995,
                    aucune issue. et c’est bien parce qu’il n’a pas d’issue que l’univers                  p. 8.
                    du tragique est à présent celui de la farce et de la dérision. Ainsi que               12. « Le comique étant intuition de l’absurde, il me semble plus désespérant que
                    l’affirmait ionesco : « Le comique n’offre pas d’issue ».                              le tragique. Le comique n’offre pas d’issue » (ionesco, Notes et contre-notes, nrf
                                                              12
                                                                                                           Gallimard, « Pratique du théâtre », 1962, p. 13-14).



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                                                                                                           Ancien comédien devenu enseignant puis enseignant-chercheur, il a enseigné le
                                                                                                           théâtre à l’université de Poitiers et enseigne depuis 2002 La Littérature française du
                                                                                                           XX siècle à l’université de bourgogne.
                                                                                                             e
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                                                                                                           de ses textes.
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