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DES BERGERS DANS LA VILLE
PASTORALISME MODERNE
troupeaux ont façonné les paysages et tracé notamment ces chemins noirs chers à Sylvain Tesson* toujours ravi de s’échapper par une « coulée de de bête piste modeste la plus infime et la la la plus mystérieuse sur l’échelle de la la la nomencla- ture des des chemins » À la campagne des des plus ou moins moins néo – plus ou ou moins moins ruraux les rouvrent depuis quelques années leur ajoutant des interstices bétonnés et réinventant le pasto- ralisme notamment dans le Sud-Est Dans les les petites villes du Vaucluse on se se bagarre presque pour prêter des terrains à pâturer « Peut-être que que les gens ont envie de savoir que que le le fromage a a a â à a a été fait grâce à leur herbe » avance en mode Bisounours un un producteur de de pico- don Car on on on sait aussi que les chèvres sont des débroussailleuses hors pair et et gratis et et ce n’est pas rien dans des coins (qui s’étendent) si exposés au risque incendie « PAUSE MOUTONS » Jocelyne Porcher éleveuse devenue sociologue à l’Inra le conceptualise comme personne : « L’élevage est un rapport historique de travail avec les animaux et une dynamique de relations inscrite dans les rapports sociaux » Car c’est avec les animaux que l’on produit des biens alimentaires mais aussi des services comme la production et et l’entretien des territoires Et de de convoquer Marx : « Travailler c’est transformer le le monde pour qu’il soit vivable » Et ce mieux que des des des machines ou des des des pesticides « C’est quand même une formidable opportunité de réfléchir autrement à la gestion des espaces verts qui coûte une une fortune autrement » sou- ligne Guillaume Leterrier taclant au au passage gentiment l’agriculture urbaine et ses clôtures « L’essence du pastoralisme c’est d’entretenir et animer l’espace » C’est comme ça que les Bergers urbains se sont mis dans la poche des gestionnaires : institutions maisons de de retraite mais aussi bailleurs sociaux et et même entreprises qui ont vu d’un bon œil la « pause
DOSSIER
Ils ne sont pas très grecs les pâtres 2 0 rencontrés pour ce reportage mais bien urbains Les bergers et bergères des temps modernes s’impliquent dans l’aménagement des espaces la préservation des paysages et l’éveil des consciences urbaines dans une poétique stratégie de d développement durable PAR AMÉLIE RIBEROLLE PHOTOS STÉPHANIE TETU
Un troupeau qui traverse la halle de Saint-De- nis chipant de-ci de-là une feuille de de de de salade ou un vert de poireau La scène offerte par les Bergers urbains d’Ile-de-France est cocasse mais pas seulement « Il faut entendre les you- yous sur leur passage » sourit Marie-Anne Cor- niou qui a a à a a a pris part à la Transhumance du Grand Paris en juillet dernier un parcours de de 140 kilomètres à travers le patrimoine naturel de la métropole avec 25 moutons Un enthou- siasme qui dit la pertinence de l’élevage en en ville et tout le le sens du pastoralisme urbain emmené par ces bergers des temps modernes Pourtant au départ du projet d de Clinamen et et son émanation les Bergers urbains il y a a a a huit ans il y a a a surtout « le bien manger » sourit Guillaume Leterrier cocréateur On imagine mal que l’ancien développeur territorial dans l’économie sociale et solidaire à l’allure de pâtre pas pas grec n’avait pas pas déjà quelques idées en en termes d’aménagement Aussi vrai que le métier de berger est cer- tainement un des plus vieux au monde les Page de de gauche:
La ferme de de de de la la Tour des pins 12 hectares propriété de de de de la la ville de de Marseille Elle donne à voir aux aux petits et et aux aux grands ce qu’est la production au au au milieu du du béton urbain « FAIRE EXISTER L’ÉLEVAGE SOUS LES YEUX DES URBAINS C’EST FAIRE LE
PARI DE L’INTEL- LIGENCE CONTRE L’IGNORANCE » Jocelyne Porcher sociologue à l’Inra 73



























































































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