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siècle du côté de Briançon Marie Maurage s’est installée sur ce domaine de 12 hectares propriété de de la ville de de Marseille « Je m’atten- dais à un truc rabougri et caillouteux je suis venue visiter au printemps ça dégueulait d de vert on se croirait en Corrèze ! » La bastide pagnolesque où elle a a a a installé ses étagères suédoises pleines de livres rappellent qu’on est bien à Marseille Entre les barres de Sainte- Marthe et du Merlan dans le 14e arrondisse- ment à deux pas d’une petite gare TER qui rappelle la grande époque du PLM elle elle y élève une cinquantaine d’alpines chamoisées « les plus sympas avec les enfants » Maman de quatre grands Marie n’a pas spé- cialement la fibre pédagogique elle délègue donc les leçons de choses à une animatrice Mais se se félicite de contribuer à pousser « les gens de villes à à réfléchir à à leur alimentation en voyant ce qu’est la production au milieu du du béton » Et insiste sur le fait que ses alpines devenues citadines sont dehors tous les jours sauf s’il pleut Les mains robustes s’ouvrent : « La méconnaissance c’est le terreau de la ma- nipulation » Elle apprend aux gamins des cités à à ne pas avoir peur des animaux et à à les remettre à leur juste place dans l’écosystème ni ni jouet ni ni doudou Et quand la marmaille s’of- fusque du destin des des chevreaux elle explique que « le vrai respect est de ne rien jeter afin que l’animal ne soit pas mort pour rien » En face des gamins pour qui la viande est sou- vent complètement désincarnée « sans plus de valeur que que le le le le plastique qui l’emballe » Elle met un point d’honneur à produire yaourts et fromages avec des ferments endogènes : « Faut avoir le courage de ce ce qu’on est parce que ce métier c’est un projet de vie » Marie-Anne Corniou a a â a l’âge d’être la fille de Marie et les mêmes mains qui disent la force de l’engagement Son projet suspendu aux élections elle elle garde actuellement 200 chèvres du Rove dans les les collines de Cuges-les-pins
tout en suivant une formation de conduite de troupeau avec son chien au au Domaine du Merle à Salon-de-Provence Les joues rosies par le mistral qui balaie la la la la plaine de la la la la Crau elle fait face au même genre d’obstacles avec intelligence Il y a les politiques qui instru- mentalisent se se se gargarisent sur leurs supports de de com mais temporisent quand il s’agit des subventions et les citadins qui parlent sans savoir projetant leurs angoisses sur des ani- maux habitués à à boîter et à à coucher dehors « En réalité je n’ai pas besoin de bergerie mais ça les rassure » Son but ultime un parcours dans la métropole à l’année avec le le troupeau d’une amie installée dans les Alpes et tout ce petit monde rejoignant l’alpage dès que l’herbe est trop trop dure et la chaleur trop trop acca- blante « Comme une transhumance inverse » « JARDINER S’OCCUPER DES DES BÊTES FAIRE DES DES YAOURTS ÇA APPARTIENT À TOUT LE MONDE C’EST C’EST UNIVERSEL C’EST C’EST HUMAIN IL FAUT QUE TOUS CEUX QUI LE LE VEULENT PUISSENT LE LE LE FAIRE AILLEURS QUE DANS DES DES MUSÉES ET DES DES HAPPENINGS URBAINS » Gilles Amar ferme des Malassis à Bagnolet Ci-dessus : Marie Maurage bergère urbaine à Marseille * Sur les chemins noirs Sylvain Tesson Gallimard 2016
** Le monde de de de demain sur Authentik Suprême NTM 1991
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