Page 25 - Voyages et groupe n°32
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   il faut s'assurer que la qualité soit au rendez-vous, sinon... Oui, il fau- dra à coup sûr une attitude res- ponsable, surtout pas que chacun se dise "Allez ! On va se servir !" et que le touriste sente qu'on le prend pour une vache à lait. Il faut offrir une ambiance. Une rupture avec le quotidien du client potentiel. Tout ce qui casse l'uniformité même si on trouve des choses en commun avec le reste de la France. L'archi- tecture flamande n'a rien à voir avec celle de Nancy. Par chance, notre tourisme urbain est original. Les commerces indépendants sont le cœur battant de nos villes, tels les estaminets même si c'est parfois galvaudé. z
Dominique de La Tour
 9 avril 2020
Marc Richet, DR du CRT du CentreVal de Loire
Journal de crise
 Voyages & Groupe : Comment la Touraine a-t-elle réagi à la crise sanitaire ?
Marc Richet : Tous nos collaborateurs ont été mis en chômage technique. Nous avons alors voulu les préparer dès le départ à la reprise, en mettant en place un petit cycle de formation sur la post-crise : 24h après, nous avons dû arrêter de le proposer... Il y avait trop d'inscrits. C'est un modeste indi- cateur, mais on le sent bien : il révèle l'envie que tout le monde a de se battre. Et ils font vite leurs armes.
VG : A l'heure où tout le monde parle d'aides et espère les toucher, croyez- vous qu'il y aura des aides pour tout le monde ?
MR : Au CRT, on s'est moins positionné vis-à-vis d'aides éventuelles, qu'en visant à changer la donne. Certes, on n'a pas encore finalisé l'axe pour se re- lancer ; en tout cas, on va travailler la clientèle parisienne, notre clientèle na- turelle, et la clientèle étrangère, bien entendu. Nous avons un fichier de 9000 contacts qui est en sommeil.
VG : Ne craignez-vous pas que la reprise ne débouche sur une augmentation des prix ou autres abus pour rattraper le temps perdu ?
MR : Je ne dis pas que les gens n'ont pas peur de ne pouvoir assurer leur avenir, mais à moins d'avoir une très courte vue : les abus ne sont plus pos- sibles désormais : les réseaux sociaux rectifient tout de suite le tir.
La réputation sur Internet joue de plus en plus aux yeux des professionnels. Ils y font très attention. Non.
Pour la reprise, nous spéculons au contraire sur une évolution fondamentale du tourisme. Je vois la multiplication de groupes plus petits, des groupes avec des individus qui, marqués par la crise sanitaire, voudront être plus es- pacés dans les cars. Je vois aussi l'ap- parition de groupes plus affinitaires : plus seulement des couples, mais des gens qui se connaissent, ou voudront se revoir, tels ceux qui, pendant le Confinement, ont fait ces fameux apéros par Internet.
Ces deux tendances existaient déjà dans la demande des groupes. Celle-ci
était en pleine transformation. La crise va avoir un effet accélérateur.
VG : Vous parlez de changer la donne, mais vous repartez forcément avec le même patrimoine qui, lui, ne peut se renouveler...
MR : Bien sûr. Nous avons les châteaux, mais aussi des jardins, et de la viticulture, évidemment : tous ces acteurs sont certes déjà présents, mais cette fois-ci, prêts à se fédérer, pour donner du sens dès que ça repartira. Ce que tous les opérateurs nous demandent, c'est de renouveler le genre avec ce que nous avons : c'est ainsi que nous avons conçus des Noëls au château. A la clien- tèle des groupes aussi, nous allons offrir une dimension de partage. Des gens qui ont été confinés longtemps vont redécouvrir le plaisir de prendre un verre en terrasse, de rencontrer un vigneron, des choses très "expérien- tielles" pour employer ce concept amé- ricain que je n'aime pas. Notre réflexion, c'est de voir comment on pourrait adap- ter le rapport personnel, ce côté intime au marché du groupe. Avec en vue le slow tourism pour tous : l'émotion, la sensibilité accessible au groupe... groupes plus petits, c'est entendu, pour mieux faire ressortir la richesse locale. Avec Le voyage était tellement dévalué ! On ne voyageait plus que sur le mode de la consommation. On allait à Saint- Pétersbourg et à New-York presque sans y penser. C'était normal. C'était banal. Le balancier allait tellement loin ! Je suis sûr que la dimension culturelle - au sens large - va prendre le dessus. Avec un tourisme moins superficiel. z
Dominique de La tour
VOYAGES & GROUPE 32 - AVRIL 2020 - 25
















































































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