Page 11 - MOBILITES MAGAZINE n°53
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  ENTREPRISE/ TRANSPORT ROUTIER DE VOYAGEURS t
           et se mettre à marcher ou à faire du vélo. Nous réinventons l’existence en bas de chez soi! Quant aux zones rurales, nous pourrions par exemple créer des pôles de voitures électriques en libre-service, car pour la voiture, il faut passer du concept de propriété à celui de partage... ». La messe est dite, le temps de l’immobilité est venu ! Jean-Luc Fugit, député LREM du Rhône et secrétaire de la commis- sion du développement durable et de l’aménagement du territoire, expose une position moins dog- matique. « Nous avons essentiel- lement travaillé à la réduction de l’usage des énergies fossiles dans les transports, concède-t-il, dans l’optique de réduire les pollutions de l’air, toutes les pollutions. Pour nous, les solutions énergétiques ne s’opposent pas et il faudra en pas- ser par un mixte entre l’électrique, le biogaz, les biocarburants et l’hy- drogène. Par ailleurs, nous deman- dons un débat parlementaire d’étape tous les cinq ans ».
Bruno Milliène, député Modem des Yvelines, ramène aussi le sujet de la transition à ces aspects pra- tiques : « Nous devons avant toute chose réfléchir à la façon dont une profession pourra absorber cette transition, alors que les technolo- gies aujourd’hui disponibles sont
excessivement chères, voire ina- bordables pour la majorité des PME. Il est par ailleurs hors de question d’orienter cette évolution, nécessaire, vers une seule éner- gie».
« Il faut rappeler que cette transi- tion est autant une question de santé publique que de climat, ex- plique Jean-Luc Fugit, et les Zones à Faible Emission (ZFE, ndlr.) re- présentent un des moyens d’action donnés aux collectivités, avec un délai de mise en place raisonnable qui court jusqu’en 2040. En re- vanche, il est évident qu’il faut faire attention à l’accompagnement so- cial des particuliers dans cette dé- marche, mais aussi aider les en- treprises à s’adapter... ».
ZFE, le grand malentendu ?
Autant le dire, le concept même de ZFE ne fera guère l’unanimité lors de ce congrès. Dans la salle d’abord, qui craint clairement de ne plus pouvoir faire entrer ses autocars diesel (pire, thermique tout court !) dans les grandes agglomérations, mais aussi parmi quelques-uns des édiles présents pour l’occasion. Si, évidemment, Karima Delly en vante les mérites, Jean-Luc Fugit, pourtant un de ses promoteurs, reconnait que certaines collectivités « font du zèle ». Pour Philippe Tabarot, séna-
* A titre indicatif,
la publication en mai 2021 du décret d’application relatif
à l’accession du permis D à l’âge
de 18 ans aurait déjà permis
à 130 candidats
de bénéficier
de cette nouveauté.
teur LR des Alpes Maritimes, « il n’y a rien de pire que de mettre en place des mesures non contrôlées comme le sont aujourd’hui les ZFE, surtout dans le contexte de crise du moment. C’est pourquoi le Sénat avait demandé un report de 5 ans pour la montée en puissance de ces dernières ».
Bruno Milliène va plus loin. « Ce qui a été mis en œuvre à Paris est exactement le contraire de ce qu’il faut faire, clame-t-il. Même constat pour la généralisation des zones 30, qui sont très loin d’être perti- nentes, notamment en termes de pollutions atmosphériques, dans certaines zones de la capitale ». Le plus virulent aura toutefois été Xavier Bertrand, président des Hauts de France, qui n’a pas, pour l’occasion, mâché ses mots : « Quand tout le monde compren- dra ce qu’implique réellement le principe des ZFE, je pense que nous ferons face à une révolte, car il s’agit d’une dérive qui crée de fait des citoyens de seconde zone. Il y a, à mon sens, une profonde méconnaissance de la réalité de la part de ceux qui promeuvent ces ZFE à marche forcée ». Autant de sujets brûlants que les ministres présents se sont toutefois bien gar- dés d’aborder... z
PIERRE COSSARD
 MOBILITÉS MAGAZINE 53 - NOVEMBRE 2021 - 11
  Renouveller les emplois du secteur
  















































































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