Page 39 - MOBILITES MAGAZINE n°55

Politique & institutions
petites lignes
SOPHIE ESPIÉ Directrice du service des Affaires juridiques chez Alstom
« L’idée de mettre sur les rails du matériel léger afin d’économiser des coûts d’exploitation ne date pas
d’hier »
LES TRAINS TRÈS LÉGERS, « UNE VIEILLE HISTOIRE... ET PARFOIS AUSSI DES DÉBOIRES » !
Les TTL comme Trains Très Légers, feraient-ils partie d’une autre planète ? Ils se situeraient à la fois hors de la galaxie industrielle ferroviaire et hors du réseau ferré classique. C’est ce qu’on pourrait retenir dans ce domaine des réflexions issues de la commission « Matériels roulants » du rapport de la FIF.
Animée par Sophie Espié, elle rappelle que dans ce domaine « l’idée de mettre sur les rails du matériel léger afin d’économiser les coûts d’exploitation ne date pas d’hier », une idée jalonnée par de nombreux exemples en France comme à l’étranger depuis les années trente jusqu’aux années quatre-vingt dix*, est-il ici expliqué. En ajoutant que « malheureusement ces matériels ont souvent connu une existence brève parfois émaillée de difficultés ». Légèreté, fragilité et faibles capacités se conjuguent ici avec un confort limité en raison aussi de la circulation sur des voies qui se caractérisent par leur médiocrité ...
La question des TTL s’assortit en outre de la nécessité de bien définir les « lignes de pertinence »... au sens strict du terme ! Dans la mesure où la coexistence de ce type de matériels avec des trains de fret ou des trains classiques semble sinon exclue du moins complexe. Aussi, s’ils offrent « la possibilité de rénover une ligne à moindres frais [ce qui] peut contribuer à réduire l’investissement si cette ligne est arrêtée depuis longtemps [il semble que le TTL] peut constituer une solution adaptée à quelques cas particuliers [mais il restera] un matériel de niche ». Que les rapporteurs évaluent à l’équivalent de 30 à 50 lignes sur les 200 lignes dites LDFT « ce qui représenterait une flotte [qui a été potentiellement] estimée pour l’ensemble du territoire à environ 150 unités » à l’occasion de la réunion CEREMA-DGiTM du 9 avril 2021. Qui a lancé un groupe de travail dédié « trains très légers » (voir texte principal).
* Voir notre hors-série, « Tramways et trains légers ou la recherche d’un maillon manquant », décembre 2017.
en] lignes de desserte fine du ter- ritoire (LDFT) constituent un enjeu majeur d’aménagement du terri- toire [alors que] dans le passé la stratégie ferroviaire nationale ne leur a malheureusement pas tou- jours été favorable ». Aussi, « nous pouvons constater les résultats d’un manque d’investissement chronique [avec] de nombreuses réductions de vitesse, combinées à des dessertes trop faibles [qui] ont souvent éloigné nos conci- toyens du rail, voire ont conduit à une fermeture de ces lignes ». Aussi, la FIF a voulu ici apporter une réponse la plus complète pos-
sible afin « de contribuer directe- ment à l’élaboration des solutions permettant de redynamiser ces petites lignes », ajoute le président de la FIF. D’un ensemble de solu- tions...
« En effet, la commande gouver- nementale visait au départ à définir des solutions industrielles à partir du concept de train léger, explique Éric Tassilly, PDG de Knorr-Bremse France et coordinateur-rédacteur du rapport de la FIF. Fédération dont il est le président du groupe Équipementiers-Matériels roulants. « On n’a pas voulu rester enfermés dans ce concept et nous sommes
allés vers une véritable approche- système en intégrant à notre ré- flexion aussi bien les infrastructures que les modes d’exploitation comme les dimensions politiques et économiques. Tout en appliquant ici nos diverses solutions-métiers », ajoute-t-il en faisant allusion à la grande diversité et à la richesse des savoir-faire ferroviaires qui se trouvent regroupés dans la FIF. Dans cette démarche, il a fallu en outre viser une série de lignes- tests. Toutefois, la campagne élec- torale des régionales qui était alors proche « nous a obligé à sélec- tionner nous-même ces lignes en
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