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Opérateurs & réseaux
t impasses
ration nationale des transports de voyageurs Pays de la Loire, égrène les témoignages de conducteurs types : un jeune homme d’à peine 30 ans, par ailleurs musicien, devenu conducteur de cars parce qu’il aimait le prendre pour aller à l’école ; une mère de famille, par ailleurs sur- veillante de cours d’écoles. Tous les deux parlent de leur responsa- bilité par rapport aux enfants, du plaisir à accomplir leur tâche à leur contact, de l’importance de leur métier. « Un film de témoignages, c’est un contact direct, important à l’ère de la transparence. D’ailleurs, les personnes parlent des contraintes de leur métier. Mais il y a moyen de parler des différentes professions du secteur positivement », plaide Sébastien Brochet.
Multi-activité découragée
« Difficile de recruter pour vous en temps partiel », souligne Danielle Coisne de Pôle emploi, à Nantes. Pour aboutir à la multi-activité de ses conducteurs (le quart d’entre eux), François Herviaux des Voyages Herviaux, dans le Morbihan a dé- ployé sa solution. Une sorte d’opé- ration-vérité. « Pas de contrat de 700 h, en espérant trouver nous- mêmes des compléments d’activités, plutôt des 550 h. Et au transport scolaire, activité en dos de chameau, laisser de la place au salarié pour aller chercher un autre contrat en dos de dromadaire, au milieu de la journée. Des contrats à temps très partiels assumés plutôt que plus longs mais subis. Nous sommes passés, en cinq ans tout de même, d’un absentéisme de 35 à 10%. Il faut éviter les frustrations et ré- orienter les espoirs, ouvrir l’esprit des salariés à la pluriactivité »,
N Ingrid Mareschal, déléguée générale de la FNTV a expliqué un nouvel
accord sur l’investissement en formation et la proposition
de création d’un
« permis sec » permettant de conduire avant l’obtention du titre professionnel.
N François Herviaux, des Voyages Herviaux : «nepas surdimensionner les contrats à temps partiel pour permettre aux salariés de rechercher une autre activité ».
N André Martin, vice-président à la formation professionnelle des Pays de la Loire : « un fonds régional pour l’agriculture peut aider à former des agriculteurs- conducteurs ».
N Raphaëlle Franklin, directrice générale de l’OPCA : « les financements existants dans la profession seulement ne suffisent pas ».
N Sébastien Brochet, OCR Communication : « les entreprises doivent diffuser un message positif sur leurs activités ».
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conclut François Herviaux. En re- connaissant qu’il s’agit, chaque fois, de solutions individuelles. Moins collectives que celles proposées par la profession. Pascal Fontaine n’a pas manqué de rappeler la force de celles-ci. La coopération étroite entre la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), l’Organisme paritaire collecteur agréé (OPCA), Pôle emploi et la Région en Pays de la Loire a permis que personne ne refuse un contrat faute de conducteur, malgré l’ampleur des besoins : 300, voire plus à for- mer chaque année. Ceci en prenant soin de bien anticiper les situations pour que le système s’ébroue au bon moment et produise des ré- sultats au bon moment.
Mais des failles existent dans le système. Comme, parfois, la priorité donnée aux chômeurs. « Parlant de multi-activité, une personne possédant déjà un emploi à temps partiel n’a pas moyen de se faire financer sa formation de conduc- teur ! En l’occurrence il est agricul- teur », interpelle un chef d’entre-
prise. Pas s’il n’est pas inscrit comme chômeur. André Martin, vice-président à la formation pro- fessionnelle à la Région Pays de la Loire a eu beau le rassurer en lui indiquant un fonds régional d’aide à l’agriculture qui pouvait être sollicité, cela n’a pas résolu le problème de fond.
En faisant le tour des financements possibles, Raphaëlle Franklin, di- rectrice générale de l’OPCA, re- connaît que toutes les réponses ne se trouvent pas dans les huit millions d’euros annuels que les huit branches de l’OPCA ont à se partager. Que, par ailleurs, le même soutien financier n’existe pas de la même façon partout en France : certains Pôle emploi ont des poli- tiques différentes ; certaines Ré- gions bloquent. Même quand des promesses de contrat à durée in- déterminée (CDI) sont fournies par les entreprises. Conclusion, la Fé- dération nationale des transports de voyageurs n’a pas fini d’avoir à faire du lobbying. z
TEXTE ET PHOTOS : HUBERT HEULOT
MOBILITÉS MAGAZINE 07 -SEPTEMBRE 2017 - 35
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