Page 29 - MOBILITES MAGAZINE N°43
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    leurs PME, lorsqu'elles ont moins de 50 salariés, ne sont pas léga- lement tenues d'aménager. L'autre piste est de transformer les « forfaits transports » des sa- lariés en défraiement annuels pour venir travailler à vélo, avec cours de sécurité, et remboursement partiel des équipements de pro- tection, tels les coûteux gilets « airbag » (voir notre encadré) dont on attend beaucoup.
Si de grandes firmes aéronau- tiques, mais aussi d'autres comme la Française des Jeux, se sont do- tées de vélos, parfois de différents types, selon le feeling des em- ployés, c'est après avoir surmonté résistances et appréhensions. « Groupama a institué des ateliers pour apprendre aux salariés à se
déplacer en toute sécurité, avec des parcours dotés de quilles, ré- vèle Thierry Meersman, mais aussi des formations pour entretenir sa bicyclette ».
Depuis le déconfinement, la mi- cro-mobilité, et même la trotti- nette honnie, sont vus avec moins de défiance (les détracteurs y ont, entretemps, eu recours !). Elle pâ- tie cependant de deux points noirs. D'après le Smart Mobility Lab, en février 2020, le danger était la première caractéristique (42 % des interrogés) attribuée aux EDPM.
Six mois plus tard, dans sa nouvelle édition de septembre 2020, l'en- quête révélait que la première ca- ractéristique était désormais le gain d’autonomie, suivie par la
gêne pour les autres usagers, citée à31%.
Un gap entre proprio
et locataire
Depuis le 25 octobre 2019, la lé- gislation impose des mesures fa- ciles à résoudre comme l'ajout de feux de position sur quatre côtés. S'y s'ajoutent des aspects moins évidents, comme le freinage. On a cru le contourner en bridant les véhicules à 25 km/h, vitesse que la Loi impose, non comme une li- mitation que le « conducteur » doit respecter, mais comme une limi- tation mécanique et irréversible de la performance. Les propriétaires d’EDPM sont bien plus conscients des risques que les adeptes du free floating. Toujours selon le Smart Mobility Lab, 86% portent un casque (10% en free floating), 62 % des équipements rétro-ré- fléchissants (contre 15%), 58% des accessoires de protection com- plémentaires (contre 11 %).
Le second point noir reste la pé- rennité du véhicule, avec une iné- galité culturelle. Contrairement aux Latins, Français en tête, les peuples du Nord accordent à peu près au- tant de soin au véhicule loué qu'à celui qu'ils possèdent, alors que l’étude Smart Mobility révèle un gap entre le propriétaire français d’EDPM et le très négligent free floater. C'est l'enjeu de solidité et de maintenance minimale qui a rendu si peu maniables les fameux Vélib’, limitant leur succès, et on a même dû alourdir volontairement les trottinettes pour freiner le pen- chant à les lancer dans le canal Saint-Martin ou le littoral marseil- lais... où une étude locale montre qu'alors que son seuil de rentabilité est de 4 mois, la durée de vie moyenne d'une trottinette en libre accès ne dépasse pas 28 jours ! On est encore loin de la poule aux œufs d'or. z
DOMINIQUE DE LA TOUR
  B’SAFE, L’AIRBAG POUR CYCLISTE
C'est avec les ULM que Helite a commencé à concevoir des air- bags. La firme a enchaîné avec les motards, « Tout simplement parce qu'il y avait plus de morts, se souvient le patron, Gérard Thévenot. Puis les cavaliers ont voulu leur équipement, et fina- lement le VAE ».
Avec 125 morts, 2020 est la pre-
mière année où le vélo est plus
meurtrier que la moto. Selon
les paramètres actuels, 2021
verra le passage de la barre des 200 morts par an. Quelque 60 % des blessures sont au thorax et à l'abdomen, 25 % au dos, 3 % au cou, les plus graves. Des statistiques pertur- bantes, qui pourraient freiner la bicyclette dans son expansion inédite. De là l'intérêt du gilet B'Safe. Porté par-dessus les vêtements, il se gonfle en 80 millisecondes (moins d'1/10e), joue à la fois sur l'effet matelas qui amortit la chute, mais surtout sur l'effet rigidifiant qui rend solidaires les vertèbres contre les hyper-flexions que provoque le mouvement dit « d'enroulement », lorsqu'on heurte un arbre ou un poteau.
Ce sont des capteurs et un algorithme qui identifient l'accident, et déclenchent le gonflement d'une gaine en polyuréthane, doublée d'un tissu anti-abrasion lorsqu'on est projeté sur la chaussée. Le prix reste toutefois élevé : 690 €.
« Moins qu'une journée d'hôpital », ironise Gérard Thévenot. La Loi vient d'imposer une grosse participation de l'employeur au titre de la sécurité. Quant à la maintenance, elle se limite à une inspection de la cartouche de CO2 tous les 10 ans. Les 40 salariés de B'Safe - qui travaillent aussi pour l'aéronautique -, se tournent à présent vers le gilet pour trottinette, celui des vélos a un algorithme totalement incompatible. Les prototypes s'élaborent d'après des crash tests filmés par des caméras à 1000 images/s, peu onéreux parce que faits sur place. D.D.
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