Page 38 - MOBILITES MAGAZINE N°43

INTERVIEW
L’AGC à batterie de Bombardier,
pour verdir le parc ferroviaire français
Dans la lignée du Plan vert pour l’Europe (dont l’ambition est de faire de l’Europe le premier continent neutre pour le climat), Bombardier Transport développe une innovation visant à éliminer les émissions de CO2 et la pollution dans le secteur ferroviaire : le train AGC à batterie, zéro émission.
L'AGC est la plus grande flotte régio- nale exploitée en France, avec un total de 700 trains, dont près de la
moitié (326) sont des trains bi-mode die- sel-électrique. L’idée est de convertir ces trains à l’alimentation par batterie. Cinq régions françaises(1) ont lancé avec SNCF et Bombardier un projet visant à trans- former et à mettre en service commercial une présérie de cinq trains d'ici 2023. Pierre Michard, Vice-président Ventes chez Bombardier Transport, France et Be- nelux, a répondu à nos questions.
Quel est l’avantage principal de l’AGC à batterie ?
Pierre Michard. Le projet AGC à batterie, zéro émission, est le seul projet en cours qui propose une trans- formation « verte » de trains existants. Nous
allons effectivement profiter d’une opé- ration de maintenance nécessaire et pla- nifiée (l’entretien à mi-vie des trains) pour transformer les rames bimode diesel en rames bimode batterie et réduire leur em- preinte environnementale.
C’est une occasion unique de capitaliser sur des actifs existants et d'éviter le re- nouvellement inutile ou prématuré de matériels roulants. Car, après tout, ces trains ont encore de belles années devant eux (20 ans en moyenne après l’entretien à mi-vie). Ce projet permet non seulement d’éviter de concevoir et de fabriquer de nouveaux trains (en verdissant des trains existants), il offre également une alterna- tive avantageuse à l’électrification de l’en- semble du réseau national ferré. Le constat est simple : en France, 48 % des
1/ les 5 régions qui font partie du projet pilote : Au- vergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Nouvelle-Aqui- taine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d'Azur.
lignes ferroviaires ne sont pas électrifiées (on parle de 14 300 km de rail sur un total de 30 000 km). Ces lignes voient passer 20 % du trafic. Vouloir toutes les électrifier ne serait pas viable d’un point de vue économique. L’AGC à batterie offre une vraie alternative à l'électrification com- plète des lignes ferroviaires. Par exemple, la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur a sélectionné le projet AGC à batterie pour la ligne non-électrifiée Marseille – Aix- en-Provence. La Région déploiera ainsi une politique environnementale ambi- tieuse et réalisera dans le même temps une économie substantielle sur les frais d’électrification de cette ligne très fré- quentée.
Mais l’avantage peut-être le plus impor- tant de ce projet, c’est qu’il offre une so- lution simple et peu coûteuse pour éli- miner les trains diesel d'ici 2035, un objectif fixé par le gouvernement français et SNCF.
38 - MOBILITÉS MAGAZINE 43 - DÉCEMBRE 2020