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 4 objectifs du projet AGC à batterie de Bombardier
uContribuer à réduire la pollution et les émissions de gaz à effet de serre et éliminer l'utilisation de l'énergie diesel dans les transports en commun
v Démontrer la faisabilité technique d'un train alimenté par batterie dans un environnement d'exploitation ferroviaire
wAccroître la compétitivité du secteur ferroviaire en réduisant les coûts de consommation d'énergie (le coût de l'électricité est plus abordable que celui du diesel)
xOffrir une alternative à l'électrification complète des lignes ferroviaires (la moitié du réseau ferroviaire français seulement est électrifiée)
   COMMUNIQUÉ
 En quoi est-ce un projet économiquement viable ?
P.M. Nous sommes confiants que les coûts de maintenance seront réduits. Nous devons encore démontrer que le coût de l’exploitation diminuera égale- ment. L’électricité coûte moins cher que le diesel, mais le coût de l’énergie ne re- présente qu’une partie du coût d’exploi- tation. En outre, les AGC équipés de packs multiples de batteries (2) peuvent stocker l'énergie de freinage et l'utiliser pour les accélérations à venir, offrant ainsi des économies d'énergie importantes. Les batteries peuvent également fournir plus de puissance, mais dans ce projet nous avons fait le choix de la limiter à la puis- sance du train d’origine, pour des raisons de compatibilité avec l’infrastructure. En- fin, à la demande de SNCF, l'utilisation de la batterie viendra compléter la puis- sance de la caténaire pendant l'accélé- ration de pointe, ce qui améliorera éga- lement la robustesse de l’exploitation.
tre unités de batterie et à ajouter deux chargeurs à haute puissance, nécessaires pour transférer l'énergie entre les batte- ries, l'équipement de traction et le pan- tographe. Le système de
filière française » adopté en avril 2019. Il repose sur une technologie mature (la batterie) dont les performances vont en- core s’améliorer. C’est une solution dis-
 contrôle et commande du train doit aussi être adapté. Et le tour est joué !
Le projet pilote a également pour objectif de réaliser la campagne d’essais de vali- dation et d’homologation, nécessaire pour permettre la mise en service de ce nou- veau type de train en France.
L’ingéniosité de ce projet réside dans le fait que nous transformons des matériels existants en leur donnant une seconde vie, plus écologique
ponible immédiatement, contrairement à d’autres qui vont encore nécessiter de longues années de Re- cherche & Développement. La pertinence de ce projet, dans un contexte écono- mique difficile, est de capi- taliser sur une flotte de trains existante et de tirer profit des synergies avec une opération de mainte-
    Un AGC de Bombardier assurant la liaison Marseille – Aix-en-Provence, en gare de Marseille Saint-Charles
En quoi consiste concrètement le pro- jet pilote que vous menez avec SNCF et 5 régions françaises ?
P.M. Nous sommes partis d’un constat : parmi la flotte de 700 trains AGC en cir- culation, 326 sont des trains bi-mode die- sel-électrique. Ce parc est donc tout in- diqué pour une conversion à la batterie. Le projet consiste à retirer les moteurs diesel des trains, à les remplacer par qua-
2/ Connues aussi sous le nom de Battery Electric Multi- ple Unit, ou BEMU
Et en quoi l’efficacité énergétique du train est-elle accrue ?
P.M. L'efficacité énergétique du train ali- menté par batterie est excellente en rai- son des pertes limitées pendant la charge et la décharge de la batterie. L'énergie qui ne peut pas être stockée ou régénérée pendant le freinage représente 10 à 30 % de l'énergie totale utilisée par un train. Sur une partie du réseau ferré français, électrifié à 1,5kVDC, la régénération lors du freinage n’est pas autorisée et, lorsque les trains fonctionnent au diesel, l’énergie de freinage est également perdue. Les AGC à batterie pourront stocker l'énergie de freinage et l'utiliser en cas de besoin, en offrant ainsi une économie d'énergie majeure.
En quoi ce projet se distingue-t-il d’autres projets de verdissement ? P.M. Ce projet a été sélectionné comme l'une des innovations stratégiques pour le secteur ferroviaire français par le gou- vernement. Il a été inscrit au « Contrat de
nance lourde qui va immobiliser les trains, ce qui permet donc de limiter les inves- tissements des pouvoirs publics tout en apportant une vraie innovation et une ré- duction des coûts d’opération à terme. De plus, Bombardier était tout indiqué pour mener à bien ce projet de verdisse- ment puisque près de 50 % du parc fer- roviaire diesel en France est constitué de trains AGC que nous avons construits sur notre site de Crespin, dans les Hauts-de- France, au début des années 2000.
Et pour la suite, quelle est votre ambition ?
P.M. Après la mise en service de la pré- série de cinq trains (ce qui sera réalisé d'ici 2023), notre objectif est de convertir un parc plus important pour engager une véritable transition écologique dans les régions françaises. C’est un objectif am- bitieux. Nous sommes confiants d’y par- venir. n
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