Page 38 - MOBILITES MAGAZINE N°52
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 Opérateurs & réseaux
     Pour le niveau de qualification exigé, nous payons bien. Les seuls endroits où nous avons un problème structurel de recrutement, c’est dans l’interurbain et le scolaire.
 Eric Hugon, secrétaire national du transport urbain à la CFDT. Il faudra attendre d’avoir une vision claire des comptes de 2021 ».
La « pilule » est encore plus difficile à avaler chez les autocaristes, sur- tout quand le dialogue social n’est pas là. « Avec les aides de l’Etat et des Régions, leur activité qui a continué, certaines entreprises d’autocar n’ont pas eu à se plain- dre. Elles ont gagné de l’argent. Dans ces conditions, on ne peut pas nous dire : rien pour vous ! », affirme Patrick Puren, de la CFDT des transports des Pays de la Loire. Cela a « grincé » aussi quand le management a mis une pression - peut-être pour relancer la fré- quentation - jugée trop forte par les conducteurs pour améliorer la productivité. « Pression sur les temps de parcours, sur les temps de pause, pression pour tout et pour rien. Des comportements de managers aussi durs que ceux du
public : c’est pour cela que nous avons eu 71 % de grévistes », ra- conte Sabri Ayaden, délégué syn- dical CFDT au Mans.
Transformation numérique qui ne passe pas
A Rennes aussi, Christian Demay, délégué syndical CGT dénonce une « chasse à la productivité devenue folle. Nous sommes à 98 % de ponctualité. On nous dit : ce doit être 100 %, impossible ! », confirme Edouard Petit, son alter ego de la CFDT. Mais c’est là, c’est la trans- formation numérique de l’entreprise qui a mis le feu aux poudres. Le basculement du planning de travail sur les téléphones portables des conducteurs n’est pas passé. « Au- cun moyen pour nous équiper mais tout, la communication aux salariés, les plannings dans nos boîtes mail, la vente des billets sur support numérique dans nos téléphones », résume Edouard Petit. Avec le nou-
veau réseau à intégrer – la seconde ligne de métro ouvre bientôt - les bus électriques qui arrivent, tout cela est apparu comme trop, alors que les augmentations de salaires fixées par l’entreprise* à 0,2% et une prime de 150 €, ont été jugées insuffisantes par les syndicats. Au moment où il repart à la conquête de ses clients, le transport public pourrait donc bien avoir, lui- aussi, à augmenter les salaires, au moins pour conserver le sourire de ses conducteurs. « Depuis 2018, l’absentéisme augmente dans les réseaux. L’image du métier se dégrade à cause de l’insécurité. On peine à recruter ! », avertit Eric Hugon. Ce que Frédéric Baverez, réfute : « pour le niveau de quali- fication exigé, nous payons bien. Les seuls endroits où nous avons un problème structurel de recru- tement, c’est dans l’interurbain et le scolaire ». z
HUBERT HEULOT
38 - MOBILITÉS MAGAZINE 52 - OCTOBRE 2021

























































































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