Page 53 - MOBILITES MAGAZINE N°9
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Opérateurs & réseaux
800 euros par mois, la profession est marquée par la précarité. Et ce n’est pas le ratage sur les vingt- quatre heures minimum par se- maine qui a amélioré les choses. Pour l’essentiel, même si d’autres progrès ont été obtenus entre- temps, nous vivons sur l’accord- cadre signé en 2002 à la suite de la loi Aubry sur les 35 h, instituant le 13e mois et un minimum de ré- munération à 20% au-dessus du SMIC (qui s’est beaucoup effrité depuis). Cela reste la référence. Mais quand un temps plein gagne aujourd’hui 1200 euros nets, ce n’est pas suffisant. En particulier pour le renouvellement des gé- nérations. Notre secteur n’attire pas les jeunes. Et quand il y par- vient, ils ne restent pas. Les orga- nisations patronales le reconnais- sent, mais elles ne savent pas comment faire. Nous, nous pensons que la solution réside au moins, d’abord, dans la prise en compte des spécificités de notre activité, comme les coupures dans la jour- née ou les amplitudes horaires.
: la période n’y est- elle pas défavorable, avec la
baisse des dotations de l’Etat et l’injonction aux collectivités territoriales de faire des économies ?
C.M. : tout à fait. Mais c’est une excuse un peu facile dans la bouche des organisations patronales. En 2002, c’est en faisant le tour des départements que la profession leur a fait comprendre qu’ils avaient à compenser les 20% de salaires perdus avec la disparition de l’abat- tement de cotisation. Autre exem- ple, la révision de l’ancienneté, ré- clamée chaque année de 2000 à 2014, n’a mis que deux mois à être acceptée par tous une fois que nous avons signé un accord avec l’organisation des transpor- teurs routiers européens (oTrE,
ndlr). Pour constater qu’en défini- tive, cette avancée sociale, ne pe- sait presque rien dans les comptes des entreprises. Heureusement, le dialogue social est vivant dans no- tre branche.
Le transport interurbain de voya- geurs est même devenu le fer de lance du dialogue social, notam- ment depuis l’arrivée des cars Ma- cron, alors qu’il en était le parent pauvre dans les années 2000. Et nous avons beaucoup de négo- ciations à venir : sur une nouvelle qualification dans le tourisme, sur la fin du congé de fin d’activité, sur la formation professionnelle, voire sur la fusion des branches, mise de côté pour le moment. Ce sont des occasions d’avancer.
: la CFDT appelle-t- elle à une fusion des branches
urbaine et interurbaine ?
C.M. : non, nous ne sommes pas demandeurs. Mais, tout laisse à penser que le gouvernement y re- viendra. Cela dit, notre convention collective date de 1951. Elle est centrée sur les conducteurs. Les autres employés, les mécanos, par exemple, sont oubliés. Ce serait l’occasion de la revisiter. Une cer- taine harmonisation aurait du sens quand on voit à quel point de plus en plus de services urbains sont
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Représentativité des forces syndicales dans le transport interurbain de voyageurs :
1/ CDFt 34%
2/ Cgt 27%
3/ Force ouvrière 20%
4/ CFtC 15%
aujourd’hui, la CFDt est la seule organisation, avec plus de 30%, pouvant signer un accord de branche toute seule. Qui ne peut être défait que par des syndicats représentant plus de 50% des salariés. après les ordonnances, elle devra trouver des alliés puisqu’il lui faudra réunir 50%. C’est, ha- bituellement ce qu’elle obtient avec l’appui, en général, au moins de la CFtC.
effectués par des conducteurs du secteur interurbain. Mais la CFDT n’est pas demandeuse de cette négociation. Ce n’est pas dans ses objectifs.
: la régionalisation des transports ne conduit-elle
pas, justement, à ce mélange des conventions collectives ? S’engage-t-elle bien, de votre point de vue ?
C.M. : d’après ce que nous en voyons, elle est plutôt mal partie. Les régions ont tendance à opti- miser un maximum de services de transport sur des bases finan- cières uniquement, constituant des lots globaux de services urbains et suburbains selon les bassins de vie. Comptant ainsi faire des éco- nomies. Le social risque d’être la variable d’ajustement.
: qu’auriez-vous souhaité de différent ?
C.M. : selon nous, il y a de nouvelles solutions à trouver du côté de l’or- ganisation des services. Un exem- ple, un peu ancien : en Meurthe- et-Moselle, il y a trente ans, col- lèges et lycées faisaient entrer leurs élèves en classe avec un dé- calage d’une demi-heure. Et in- tervertissaient tous les six mois ou tous les ans. Cela permettait de faire appel à quasiment moitié moins d’autocars et de conducteurs. Il y a sans doute quantité de ce genre d’idées à explorer. Tout dé- pend des régions. Ce n’est qu’une question de volonté politique. Ce peut être bon aussi pour l’envi- ronnement. Cela va nous faire ré- écrire à Nicolas Hulot (ministre de la Transition écologique et solidaire, ndlr), comme nous l’avons déjà fait à Ségolène royal. En espérant, cette fois-ci, que cela ne restera pas lettre morte.z
PROPOS RECUEILLIS PAR HUBERT HEULOT
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CFDT L’INCONTOURNABLE
MobiLitéS Magazine 09 - NovEMBrE 2017 - 53