Page 52 - MOBILITES MAGAZINE N°9
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Opérateurs & réseaux
INTERVIEW/ Charles Morit, secrétaire national CFDT Transport interurbain t
De fortes craintes
pour les salariés
: la CFDT a dénoncé l’occasion ratée avec les
ordonnances de développer le dialogue entre patrons et syndicats. Vous aussi dans le transport de voyageurs ? Charles Morit : oui, bien sûr. Mais, nous réagissons plus durement que notre confédération. Nous craignons, chez nous, une vraie dégradation de la situation des salariés.En partie à cause de la si- tuation dans les TPE et PME, 70% des salariés de notre branche. Qu’y constatons-nous quand nous n’y sommes pas présents et que les salariés nous alertent ? Que beaucoup d’entreprises vivent dans l’illégalité. Un exemple ? Elles an- nualisent les horaires de travail d’elles-mêmes, en catimini, sans accord d’entreprise. Que vont faire les ordonnances ? Elles vont donner aux chefs d’entreprises, les moyens de légaliser des contournements de la loi. La deuxième grande crainte est la rupture convention-
« Dans notre secteur, la grève est difficile à mettre en œuvre. Nous agissons de toute façon dans le cadre du service minimum. Et déposons des alertes sociales», Charles Morit, secrétaire national CFDT Transport interurbain.
nelle collective : plus de plan social négocié, plus d’obligation de re- classement, etc. Troisième crainte : le contrat de chantier. Bien sûr, ce sera aux branches d’en définir la durée maximale. Mais si elle peut dépasser la durée des contrats de transport, le conducteur perdrait son emploi à la fin du contrat. C’en serait fini de la garantie d’em- ploi en cas de transfert de contrat de transport que nous venons tout juste d’étendre aux salariés des sous-traitants. De manière géné- rale, nous craignons que les en- treprises suppriment ici les primes, là les heures supplémentaires, etc. Bref ! Qu’elles portent atteinte à une situation déjà difficile pour les salariés de notre secteur.
: elles n’y ont aucun intérêt si elles veulent trouver
des conducteurs !
C.M. : effectivement, mais c’est tout de même une autre ques- tion.
: que comptez-vous
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La première organisation syndicale du transport routier interurbain s’inquiète des conséquences des ordonnances et de la régionalisation, selon elle « mal partie ». Son responsable réclame un dialogue social qui reconnaisse davantage les contraintes subies par les conducteurs.
faire ?
C.M. : nous poursuivons les dis- cussions avec le ministère pour faire prendre en compte nos spé- cificités dans les décrets d’appli- cation. La grève n’est envisageable pour nous que dans le cadre du service minimum, avec obligation d’alarme sociale et d’entrée en négociation. Dans notre secteur, avec de grands groupes puissants, elle est difficile à mettre en œuvre. Nous, à la CFDT, nous déposons des alertes sociales pour négocier, mais nous souhaitons aboutir. Nous sommes un syndicat de dialogue et de compromis.
: quelle est la situation des salariés dans la
branche ?
C.M. : avec un tiers d’entre eux à temps partiel, à 550 heures an- nuelles, travaillant six jours sur sept, sur des amplitudes journa- lières de douze heures et gagnant
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