Page 29 - MOBILITES MAGAZINE n°39
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                  Politiques & institutions
a distanciation sociale
  à la première vague. Grâce à des modèles commerciaux public-privé équilibrés, reposant sur des contrats à long terme, les acteurs du trans- port public sont plus résistants que les autres entreprises.
Même dans le cadre des mesures de confinement les plus sévères, les services de transport public étaient toujours considérés comme essentiels. À ma connaissance, au- cun grand opérateur de transport public n'a fait faillite, et les autorités publiques n'ont pas déclaré que les transports publics seraient considérablement réduits à l'avenir. Certains services, tels que le trans- port à la demande, ont bien été utiles pour faire face à la situation du coronavirus : le service « Night Bus » à Padoue, en italie (optimisé par Padam Mobility) a été trans- formé en service de jour et a vu sa fréquentation augmenter. Le service Berlkönig à Berlin, égale-
ment axé sur la mobilité de nuit, a été étendue au profit des person- nels soignants.
Les effets prolongés du post-confinement sur les parts modales
Après avoir qualifié tous ces évé- nements « d'impacts de la crise du Covid-19 », il est tentant de penser que les choses reviendront simplement à la normale. À bien des égards, la crise a peut-être simplement accéléré des tendances qui étaient déjà là. Cependant, je pense que nous ne devons pas sous-estimer la façon dont le co- ronavirus a, à lui seul, impacté notre vision de la mobilité, et peut- être pas pour le mieux.
Pendant les premières semaines de la levée des mesures de dis- tanciation sociale, nous avons ob- servé qu'un changement majeur se produisait dans les parts mo-
dales de la mobilité. Les transports publics sont caractérisés comme des lieux où l'on rencontre beau- coup d'étrangers. Un quart des médias et l'obsession du public pour le respect des mesures sani- taires (qui, dans une certaine me- sure, étaient inévitables) nous ont convaincus qu' « étranger » rimait avec « danger ». Bloomberg cite Jason Rogers (Nashville, États- Unis) : « Je n'ai aucun intérêt à monter dans le bus ou dans un système de covoiturage si je ne suis pas en combinaison antidé- flagrante ».
Le résultat parle de lui-même : en Chine, premier pays à lever les mesures de confinement, la fré- quentation des transports publics est inférieure de 35% à la normale, et la congestion automobile est déjà supérieure à la moyenne de 2019. Les États-Unis font déjà état d'une tendance similaire.
Alors que les villes européennes sont confrontées aux mêmes com- portements, les autorités com- prennent que le coronavirus pour- rait anéantir une décennie d'efforts pour « désintoxiquer » leurs ci- toyens de la voiture individuelle. elles ont eu un peu plus de temps que la Chine pour anticiper et concevoir quelques stratégies. Les paris sur les vélos en font partie : le gouvernement français affirme que 1 000 km de pistes cyclables temporaires ont été créés et s'ef- force de les entretenir de façon permanente. Le Royaume-Uni in- vestit jusqu'à 2 Mds£ dans un plan « unique en son genre » pour sti-
MOBILITÉS MAGAZINE 39 - JUiLLet/Août 2020 - 29
 






















































































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