Page 8 - MOBILITES MAGAZINE n°39
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                                 Politiques & institutions
   penses d’exploitation en 1995 pour les réseaux de plus de 250 000 habitants (44% pour les réseaux de 100 000 à 250 000 habitants, et 41% pour les réseaux de moins de 100 000 habitants), celles-ci sont descendues à 37% en 2017 (23% pour les réseaux de 100 000 à 250 000 habitants et 19% pour les réseaux de moins de 100 000 habitants)(2). et encore ces pour- centages incluent-ils les partici- pations des employeurs aux abon- nements de leurs salariés...
en 2011, dans un article intitulé « La situation financière des trans- ports publics urbains est-elle ”du- rable” ? », Bruno Faivre d’Arcier, professeur au Laboratoire d’Éco- nomie des Transports à Lyon rele- vait déjà « la tendance ancienne » d’une « dérive de la structure de financement des réseaux », avec une baisse continue du poids du VT et de celui des usagers condui- sant inévitablement à une forte hausse de la part supportée par les collectivités. Il soulignait no- tamment que « la situation finan- cière critique des réseaux tient pour partie à la faiblesse des re-
cettes commerciales. Avec une contribution des usagers de moins de 20% du coût total des réseaux(3), il sera toujours difficile d’assainir les comptes. La réflexion sur la nature et le niveau des tarifs est un chantier incontournable au- jourd’hui. Dès lors que l’on vise à capter de nouveaux clients en pro- venance de l’automobile, il est clair que ce n’est pas la faiblesse des tarifs qui les incitera à changer de mode, mais bien l’amélioration
de la qualité du service offert ». Neuf ans plus tard, où en sommes- nous ? Bien loin d’écouter ces alertes, pourtant relayées par les représentants des usagers eux- mêmes(4), nombre d’élus locaux se sont engagés dans une suren- chère électorale se traduisant par une baisse généralisée des tarifs, voire la gratuité. en les privant d’une partie de leurs ressources, ces mesures obèrent la capacité des réseaux de transport public à faire face aux défis du XXIe siècle, lutte contre la pollution et l’effet de serre en tête.
La faiblesse du prix payé par le voyageur tend par ailleurs à assi- miler le transport public à une « commodité », c’est-à-dire à un produit banal et standardisé, uni- quement évalué sur le critère du prix. Ce que nombre d’élus locaux ont oublié en appliquant ces re- cettes élection après élection, c’est qu’une commodité n’attire per- sonne, pas plus qu’elle n’est en capacité de fidéliser ses clients. en quelques années, le transport public est donc tombé dans ce que les anglo-saxons appellent le
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