Page 10 - MOBILITES MAGAZINE N°38

Politiques & institutions
Nous focalisons notre attention sur les flux domicile-travail et études, qui pèsent en réalité moins de 35% des déplacements tous modes.
Éric Chareyron,
directeur de la Prospective chez Keolis
d’autant plus difficile à résoudre pour les Autorités Organisatrices de la Mobilité (AOM) qu’elles su- bissent, depuis plusieurs années, une pression croissante de la part de l’État pour limiter la progression de leurs dépenses de fonctionne- ment... Et, de nouveau, les impacts liés à la crise du Covid-19 vont imposer aux acteurs du secteur de se réinventer. Dit autrement, il va falloir faire plus avec moins. Mais au-delà des formules incan- tatoires, est-ce vraiment réaliste ?
Disons-le tout net : les marges de manœuvre sont réduites. notam- ment parce que le transport est d’abord une industrie de main d’œuvre. Et il serait pour le moins incongru, pour ne pas dire fran- chement déplacé, de vouloir éco- nomiser du côté des coûts horaires du personnel, tout particulièrement dans le transport interurbain où les salaires sont pour le moins modestes, du fait essentiellement
de l’importance des temps partiels subis.
Esquissons tout de même quelques pistes d’économies. Tout d’abord en se recentrant sur les attentes et besoins réels des voyageurs, et en tirant parti des évolutions so- ciétales et des innovations tech- nologiques. Sur le réseau ferré « secondaire » par exemple, quelle est désormais l’utilité de maintenir les guichets des petites gares ? À l’heure où le plus grand nombre achète ses titres sur smartphones, l’enjeu n’est-il pas plutôt de main- tenir de la vie sur le site (idéalement en louant le bâtiment à un com- merce ou en le reconvertissant en un service public de type crèche) plutôt que de conserver une activité de distribution famélique devenue peu utile ? Et, pour ceux que la technologie rebute, nos aînés no- tamment, le contrôleur ne devrait- il pas avantageusement remplacer ces guichets afin de vendre des
10 - MOBILITÉS MAGAZINE 38 - Juin 2020