Page 52 - MOBILITES MAGAZINE-HorsSerie-N°1
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 2017, année technologique
                  ENTRE CONCOURS LÉPINE ET BRICOLAGES HASARDEUX : LA CURIEUSE HISTOIRE DES RAILBUS
 la saga des autocars sur rails et des railbus est un inépuisable cabinet de curiosités technologiques. En France, les premiers « autos-rails » sont montés à l’origine sur des châssis Gmc des stocks américains de la Première Guerre mondiale. on re- marque notamment les De Dion- bouton série Jm, qui apparaissent dès le début des années 20 sur le réseau des tramways départemen- taux de la Sarthe, alors que l’auto- rail Dunlop-Hotschkiss et le rustique car Saurer sur rail testé par les toD, les tramways ouest Dauphiné, four- nissent l’actualité quelques années plus tard. tandis que les embléma- tiques « michelines », dont le premier prototype sur châssis renault est apparu dès 1929, passent très vite à de plus grandes capacités, records de vitesse à la clé. S’ajoutent les nombreux modèles des Etablisse- ments billard à tours, qui ont fait le bonheur de très nombreux réseaux ferrés départementaux en métropole - y compris en version à gazogène dès avant l’occupation(1) - comme dans les réseaux de l’ex-Union fran- çaise, du Sénégal jusqu’à madagascar. même frénésie de développement chez Verney, une entreprise mancelle qui, à son apogée, est aussi exploi- tante de près de 2000 km de chemins de fer départementaux.
Des efforts dispersés qui, même si ces seuls trois constructeurs réunis totalisent pas moins d’une dizaine de séries d’engins avec plusieurs centaines d’exemplaires produits, donnent l’impression de s’apparenter à du bricolage pré-industriel. toute- fois, et pour rester toujours dans le cadre de l’exemple français, ils abou- tissent après-guerre à une politique de sauvetage des petites lignes ru- rales. Elles avaient déjà été mises à mal par la « coordination » rail-route qui aboutit en 1938-1939 à fermer 10 000 km de lignes de la jeune SncF au service voyageurs sur rails. après-guerre, alors qu’il avait fallu durant l’occupation rouvrir en toute hâte certains axes locaux faute de carburant, l’espoir de relance mène à la fois à la poursuite de solutions rail-route et à la création de nouveaux matériels ferroviaires légers et « uni-  és ».
1 Dans une publicité parue alors dans les revues professionnelles, le réseau de l’Etat vantait en 1936 la mise en service
d’« automotrices Panhard à moteurs sans soupape alimentés par un gazogène à charbon de bois issu des forêts des Landes » ! Parallèlement, De Dion Bouton réalise alors huit autorails légers dits” OC” et de même technique pour les Chemins de fer des Landes ! Autrement dit avec un approvisionnement en carburant assuré et géographiquement proche comme directement du producteur au consommateur. Mais aussi en avance sur l’infortune des temps à venir...
2 Ces « Demoiselles d’Avignon » ferroviaires artistiquement plutôt tardives ont été conçues en 1947, parallèlement aux FNC. Les X 2800 seront construits en 251 exemplaires - avec trois sous-séries entre 1950 et 1961. Chez Renault, De Dietrich et chez ANF Industries. Avec des moteurs Saurer ou Renault de 250 kW, une longueur de 21,85 m et une masse de 31,5 t. Pour accueillir 62 voyageurs assis à une vitesse maximale de 120 km/h.
3 Ces autorails bi- caisses au nom aérien, et bien daté des années des « Trente
glorieuses » sont immatriculés dans cinq séries et sous-séries (X 4300, X 4500, X 4630, X 4750 4790 et X 94750) construites de 1963 à 1970 à près de 450 exemplaires.
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côté solutions rail-route, on trouve l’in- croyable autocar sur rails talon, monté sur petits trucks et exploité autour de carcassonne, et les curieux autobus sur rails lancés par l’autocariste Sylvain Floirat, le futur créateur de la radio Eu- rope 1 et magnat de l’hôtellerie. ces véhicules de série adaptés au rail avec un double roulement, avaient été ex- périmentés sur la ligne crépy-en-Va- lois-Senlis. commandés à huit exem- plaires en 1948 par la SncF, ils seront exploités sur des lignes du Sud-ouest. Finalement toutes ces expériences ces- sent au début des années 50.
En revanche, les solutions « purement » ferroviaires aboutissent à la naissance de trois nouvelles séries d’autorails légers avec près de 400 exemplaires. au cœur de cette aventure politico- technique, on trouve l’autorail léger X 5600 dit « Fnc ». Fnc, comme Fédé- ration nationale des cheminots cGt, puisqu’en 1947, des ingénieurs de la SncF, de chez billard et des syndica- listes associent leurs efforts, pour créer un véhicule court (12,3 m) d’une capa- cité de 43 places assises à deux essieux et d’une masse de seulement 10,6 t. Equipés d’un moteur Panhard à quatre cylindres d’une puissance de 54 kW,
les Fnc ont la particularité d’avoir leur cabine de conduite établie latéralement et en hauteur, telle une vigie destinée à offrir une vision élargie de la voie et des signaux au conducteur. Un choix technologique destiné à faciliter la ré- versibilité de conduite, et qui est issu de prestigieux matériels d’avant-guerre, à l’exemple des autorails bugatti. on le retrouvera dans les deux autres sé- ries de matériels. Principalement les X 3800 alors surnommés « Picassos »(2) en raison du décalage latéral de la vigie de la cabine de conduite par rap- port à la caisse. En 1953 et dans la foulée, renault et la SncF lancent les U 150 les « autorails uni és 150 cV ». Surnommées « mobylettes » par les cheminots, ils sont classés of cielle- ment dans la série X 5800 et leur vigie est sagement placée en tête dans l’alignement de la caisse. les 55 engins à quatre essieux de la série construits jusqu’en 1954 sont à la fois légers (17,5 t), courts (16 m), et sont équipés de moteurs renault ou Saurer et sont dotés d’une boîte à quatre vi- tesses. ils peuvent emporter 63 voya- geurs assis à 90 km/h. Dernier avatar tardif de cette lignée interrompue par la grande série des « caravelle »(3), et avant l’arrivée des nouveaux matériels tEr, les X 2100. apparus en 1980- 1983 et construits en 53 exemplaires par anF-industrie à Valenciennes, ils sont équipés de moteurs Saurer de 440 kW, totalisent 43,7 t, soit moins de 12 t par essieu et ils peuvent em- porter 54 voyageurs à 140 km/h. les 60 exemplaires des X 2200 (livrés jusqu’en 1988) sont une version dite « améliorée » des X 2100 avec des moteurs man de même puissance.
52 - DécEmbrE - HS- mobilitéS maGazinE
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L’autorail de Dion JM, tel qu’il a été sauvegardé.
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Le X 3800 Picasso sur Morlaix- Roscoff.
 















































































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