Page 8 - MOBILITES MAGAZINE N°44
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   seront par conséquent plus tardifs, même si certaines sont en train d’inverser la tendance ».
Par ailleurs, les aménagements nécessaires pour favoriser la pra- tique de la marche à pied et du vélo sont moins inscrits dans ces agglomérations. Résultat : les condi- tions de circulation ne sont pas op- timales pour favoriser les mobilités actives. En cause : des trottoirs peu larges, des discontinuités, voire l’ab- sence de pistes cyclables. Selon l’Ademe, depuis dix ans les collec- tivités ont consacré 468 M€ aux politiques vélo. En 2020, elles ont donné un coup d’accélérateur, Covid-19 oblige. La pandémie a, en effet, bouleversé les mobilités avec un engouement marqué pour la pratique du vélo. Pendant le pre- mier confinement, plusieurs grandes agglomérations ont créé des itinéraires cyclables tempo- raires. Les villes moyennes ont aussi joué cette carte. C’est le cas de Colmar, qui a réalisé une « Coro- napiste» sur une rocade de 2 km ceinturant le centre-ville. Aix-les- Bains a pour sa part aménagé pour
Il est aussi très important d’impliquer en amont les usagers et les employeurs pour concevoir le système et tester les services.
  les cyclistes un tronçon de 1,5 km le long du lac du Bourget. Le tout ayant été assorti de suppression de places de stationnement et de réduction de voies de circulation dédiées aux voitures.
Partage de la voirie
Impulser un report modal nécessite d’actionner plusieurs leviers, dont celui de l’urbanisme. L’idée est d’or- ganiser différemment l’aménage- ment du territoire en partageant la voirie pour mieux répartir les modes de déplacements. « A Tho- non-les-Bains, la part modale de la voiture est la moins élevée du classement de notre étude, car cette ville n’a aucune avenue qui compte deux fois deux voies », indique Bruno Cordier.
A contrario, Fréjus qui arrive en queue du peloton, compte de nom- breux axes de circulation de ce type, ainsi que des giratoires diffi- ciles à franchir pour les piétons et les cyclistes. D’où la nécessité de créer des infrastructures dédiées aux mobilités alternatives aux vé- hicules individuels. C’est le choix de la ville de Lorient. « Grâce à une politique volontariste, cette collec- tivité a réussi à développer des al- ternatives à l’usage de la voiture et ce, malgré une offre de station- nement pléthorique et gratuite ». Lorient dispose d’un niveau d’offre de transport public élevé. La ville a par ailleurs réalisé des aména- gements cyclables, élargi les trot- toirs, construit de petits sens gira- toires dont certains sont dotés d’îlots pour faciliter leur traversée
à pied ou à vélo. Enfin, la ville a instauré une limitation de vitesse à 30 km/h.
Résultats : la part modale de la marche est proche de 40 % et celle des transports en commun de 10 %. D’autres systèmes peuvent com- pléter cette palette de déplace- ments, tels que le covoiturage et l’autopartage. Des solutions qui peuvent être pertinentes dans les territoires peu denses. La ville du Puy-en Velay propose 9 voitures partagées électriques, réparties dans 7 communes. « Il existe aussi des systèmes d’autopartage entre particuliers qui peuvent être animés par la collectivité », note Bruno Cor- dier.
Mobilité servicielle
Depuis quelques années, le concept du MaaS, pour Mobility as a Service, envahi le champ de la mobilité. «Le MaaS est un outil unique qui permet d’accéder à plusieurs offres de déplacement », rappelle Laurent Chevereau, directeur d’études MaaS au sein du Cerema. « La mobilité servicielle est un des leviers des politiques de mobilité durable car cela peut contribuer à lever cer- taines barrières à l’utilisation des différents modes de déplacement et de donc concurrencer la voiture ». Cette solution digitale consiste à centraliser les informations (ho- raires, localisation, plans, itinéraires, perturbations, trafic), ainsi que les tarifs, l’achat de titre de transport (via internet, des applications mo- biles, SMS, QR Code ou NFC) et la validation via un Smartphone ou
 LE CEREMA CRÉE UN OBSERVATOIRE DU MAAS
En novembre 2020, le Cerema a créé un observatoire du MaaS en partenariat avec le Groupement des autorités responsables de transport (GART), l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP), la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), Régions de France, L’Alliance des mobilités, l’Association pour la promotion et le développement des usages numériques citoyens (ADCET) et Syntec Ingénierie. La démarche consiste à mettre à la disposition des collectivités une plate-forme numérique dans laquelle elles peuvent décrire les fonctionnalités et services de mobilité déployés à leur échelle. « L’objectif de cet observatoire est de dresser un état des lieux du MaaS en France et d’étudier dans le temps le déploiement des fonctionnalités », explique Laurent Chevereau. Une première analyse des données sera publiée au cours du premier trimestre de 2021.
8 - MOBILITÉS MAGAZINE 44 - JANVIER 2021
  



















































































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