Page 11 - Moblités Magazine Thématique n°9
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  Transition/Gasoil
   être particulièrement vigilant à la prolifération bactérienne en cas de mélange de gasoil fossile et de B100. Quant à l’ED95, l’éthanol qu’il contient à une tendance à l’absorp- tion de l’eau, ce qui ne fera pas bon ménage avec les systèmes d’injec- tion moderne des moteurs compa- tibles avec lui. Le stockage de ses nouveaux carburants est un point clef à ne surtout pas négliger.
Et à l’avenir ?
L’IFPEN travaille sur le moteur à combustion interne fonctionnant à l’hydrogène. Utilisé tel un carburant classique à peu de chose près, il pourrait être une réponse pour l’ave- nir des transports. Avec l’hydrogène comme carburant, un autocar pourra
faire le plein en quelques minutes et bénéficier d’une bonne autono- mie.
Une équipe de chercheurs de l’Uni- versité de Lille travaille de son côté sur la transformation du CO2 en hy- drogène. Baptisé DME pour Dimé- thyle Éther, ce nouveau carburant pourrait remplacer avantageuse- ment le gasoil tout en permettant de trouver une utilisation intelligente aux réserves de CO2 actuellement captées. Son utilisation sera beau- coup plus propre que le gasoil fossile, car il ne contient pas de soufre et n’émet que peu de particules fines et d’oxydes d’azotes.
Pour que son empreinte carbone soit la plus faible possible, le recours à des énergies renouvelables pour
sa transformation est requis. Ce- pendant, le prix encore élevé des sources d’énergie renouvelable en- gendre un coût de fabrication élevé. L’Université de Lille collabore avec l’Université d’Exeter au Royaume- Uni pour réduire le coût de fabrica- tion de l’hydrogène ainsi produit et avec l’ECN-TNO (Centre de Re- cherche sur l’Énergie aux Pays-Bas) pour la mise au point à l’échelle in- dustrielle de la production de DME. Plusieurs constructeurs se penchent sur le développement de véhicules utilisant le DME, dont le groupe AB Volvo, Isuzu Trucks ou encore Nissan Diesel entre autres.
En parallèle, des études sont me- nées depuis plusieurs années pour produire du gasoil à partir des mi- croalgues. Il serait ainsi possible d’extraire des huiles algales per- mettant soit par transestérification d’obtenir des esters d’huiles algales, soit en passant par le procédé d’hy- drogénation ou d’hydrotraitement, d’obtenir un carburant de synthèse tel que le HVO. Mais pour le mo- ment, cela reste encore au stade expérimental. Il faut d’abord réussir à déterminer les microalgues riches en huile et trouver le meilleur moyen de les cultiver à grande échelle pour pouvoir procéder à leur transforma- tion en carburant alternatif. De plus, l’aspect financier n’est pas en faveur de cette option, pour le moment avec un coût équivalent à un baril de pétrole à 300 $, d’après l’IFPEN. Nous sommes à une époque char- nière, de nouvelles solutions font surface pour les prochaines décen- nies et nous avons déjà à notre por- tée des carburants alternatifs plus respectueux de l’environnement et de notre santé. Mais il faut aussi que la France et l’Union européenne prennent en compte l’aspect fiscal de ces carburants alternatifs pour les rendre plus attrayants auprès des transporteurs, financièrement parlant. z
ARNAUD MARCHAL
MOBILITÉS MAGAZINE THÉMATIQUE - MARS 2021 - 11
























































































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