Page 50 - MOBILITES MAGAZINE N°59
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et voyait a priori. Or 3% de la po- pulation française est aveugle ou a de forts problèmes de vision ; 6,6 % a des troubles de l’ouïe ; 20% cumule faiblesses auditives et visuelles, majoritairement parmi les anciennes générations, qui ont du mal à se défaire des certitudes d’une époque où la voiture était bruyante.
L’UE à l’écoute
Une fois n’est pas coutume, l’UE a eu une réponse rapide. Alors que son travail réglementaire s’escri- mait encore à faire diminuer le bruit des véhicules, elle imposait, dès le 1er juillet 2019, à tout véhicule entrant sur son territoire d'émettre un bruit de 56 décibels au moins en-dessous de 20 km/h (à la même vitesse, un moteur « à ex- plosion » frôle les 65 Db). Depuis le 1er juillet 2021, tout véhicule élec- trique doit être muni d'un dispositif aux normes : Avas (Acoustic Ve- hicle Alerting System), Evader (Electric Vehicle Alert for Detection and Emergency Response), ASV (Alerte Sonore de Véhicule) ou AVS (Avertisseur de Véhicule Silen- cieux).
Vicieusement, plus d’un construc- teur a opté pour un son artificiel de... moteur thermique, diffusé par petit haut-parleur, des marques mythiques ayant malicieusement reproduit la musique de leur « moulin » le plus légendaire, re- montait-il aux Années Folles ! Et à l’instar des sonneries de portable, la Zoé de Renault et le Combi de Volkswagen, offrent plusieurs choix...
Vélos et trottinettes ne sont pas concernés par la législation. Pour- tant, d’après Opinion Way, 66 % des piétons les placent cependant parmi les 3 premiers dangers. « Clairement, je ne connais aucun fabricant visant à innover avec des vélos plus bruyants, avoue Grégory Gesret, organisateur du salon Vélo
Clairement, je ne connais aucun fabricant visant à innover avec des vélos plus bruyants.
Grégory Gesret, organisateur du salon Vélo In Paris
In Paris (du 27 au 29 mai prochain, au Parc Floral de Paris). Par rapport au vélo classique, l’électrique émet un léger sifflement, sinon, le cli- quetis de la roue libre s'entend de la même manière ». L’idéologie du tout-vélo a tendance à sacrifier le piéton, exportant chez le cycliste conquérant le comportement de l’automobiliste à Klaxon avec ses noms d’oiseaux. Le bruit, auquel les injures participent au premier chef, produit du stress et décon- necte du danger immédiat. Cela
cause des accidents et, a minima, un sentiment d’insécurité qui prend la place de la détente. Issu du fond des âges, le promeneur est sommé de se transformer en usager à qui on impose le partage de la route.
Cyclistes et piétons
devront s’entendre
« Souvent mal pensée, l’intrusion du vélo dans le domaine piétonnier se résout peu à peu, reprend Gré- gory Gesret. Mais rappelons que 100 % des vélos qui sortent d’une chaîne de production ont une son- nette (article R 313-33 du Code de la Route, NDLR), qui évolue peu, devant respecter une norme (elle doit être entendu à 50 m) qui vise aussi à ne pas faire peur. Si la son- nette évolue, c'est dans son design, qui séduit le cycliste mais sera davantage volée sans être rempla- cée ! Elle est aussi enlevée parce qu'on y voit une contrainte régle- mentaire humiliante : nous avons une approche latine ! Qui par ailleurs voit dans le Klaxon moins un us- tensile de sécurité qu’un moyen de domination. Il y a donc un réflexe... à ne pas faire usage de la sonnette en cas de danger, de crainte d'être jugé comme agressif ».
Autre problème mal connu du public, la « stéréoacousie », ou impossibilité à localiser un bruit. Cette infirmité affecte les usagers à divers degrés, sachant que plus
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