Page 11 - MOBILITES MAGAZINE n°66
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Le tramway a de beaux jours devant lui
MOBILITÉS MAGAZINE 66 - MARS 2023 11
Le plus vieux tramway est à Saint-Etienne
La ville de Saint-Etienne a été la seule en France à avoir conservé son tramway. Celui-ci circule depuis 141 ans et compte aujourd’hui 3 lignes qui s’étendent sur 26 km.
«Saint-Etienne et le tramway c’est une histoire d’amour », affirme Luc François, vice-président en charge des transports et des mobilités au sein de la métropole sté-
phanoise. « Ce mode n’a jamais été boudé. En attestent les chiffres de fréquentation de la ligne historique qui ont toujours été élevés ». C’est la raison pour laquelle celle-ci n’a jamais été démantelée. T1 est, en effet, la seule « survivante » du vaste réseau qui, dans les années 1900, desservait l’ensemble des vallées situées autour de Saint-Etienne. « Nous l’avons étendue en 2010 et 2019 avec deux
branches (T2 et T3). Celles-ci desservent la le centre de congrès, le Zénith, le stade Geof- froy Guichard ». T1 relie également l’ensemble des pôles générateurs de déplacement : des quartiers denses, la préfecture, l’hôtel de ville, la plupart des rues commerçantes, une 3e gare, l’université, des centres commerciaux, la Poste. « Tout le centre névralgique de la préfecture de la Loire est desservi avec cette ligne qui, avec 54 000 voyages quotidiens, en- registre plus de la moitié des déplacements ». Un chiffre à rapporter à la fréquentation glo- bale du réseau STAS qui s’est établie à 42 mil- lions de voyages en 2022. « A Saint-Etienne, le tramway est la base de la fréquentation de l’ensemble des modes de déplacement en exploitation », affirme Luc François.
Voie métrique
Ces extensions ont aussi été un outil de de densification urbaine. « Les deux nouvelles branches nous ont permis d’urbaniser des friches industrielles et de réaménager des secteurs délaissés ». Cela a été le cas avec la construction du quartier d’affaires aménagé autour de la gare de Châteaucreux à proximité de T2. « Nous avons construit la ville autour des transports. C’est une opportunité pour
imaginer les déplacements de nos concitoyens plutôt que de changer leurs habitudes ». Ce principe a été appliqué pour T3. « Plusieurs équipements publics sont en cours de construction autour de cet axe. Les projets immobiliers publics et privés fleurissent autour du tramway ». Aujourd’hui, ce mode est opéré avec 43 rames fournies par Alstom et récemment par C.A.F. « A Saint-Etienne, le tramway est une vieille dame que nous modernisons par le matériel », précise
Alain Jund. La particularité technique du tram- way stéphanois est de circuler sur une voie métrique. De ce fait, les rames sont fines et étroites. « C’est un avantage en termes de giration, mais un inconvénient en matière d’emport », note le vice-président. En effet, comme la capacité de transport est moindre, cela nécessite d’avoir des tramways très longs. Si aucun projet d’extension de ce réseau n’est à l’ordre du jour, les élus stéphanois ont néanmoins décidé d’augmenter en août 2022 son amplitude horaire jusqu’à 1 h du matin. Désormais, les efforts vont porter sur le ré- seau de bus. Celui-ci sera restructuré une nouvelle fois en 2024. En 2017, neuf lignes de bus métropolitaines avaient été créées pour
desservir l’ensemble du territoire. « Ils sont
cadencés, connectés et opérés avec des bus modernes. Ils sont organisés en rabattement vers les générateurs de déplacement ou vers les lignes de tramway ». Ce qui explique leur forte fréquentation. « Chaque jour nous enregistrons en moyenne avec 57 100 voyages ». Un mode dont le coût d’exploitation (5 € / km)
gare de Châteaucreux,
Luc François, vice-président en charge des transports et des mobilités au sein de la métropole stéphanoise.
est inférieur à celui du tramway (7,5 € / km).
Christine Cabiron
Le tramway de saint-Etienne.