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Besançon : Urbanisme et Aménagement
sera régulièrement utilisé comme justifi- cation. Ainsi Pascal Gudefin, Directeur du projet tramway déclarait dans Le Rail ma- gazine n°176 en mai 2011 : « Choisir de passer par le centre historique nous a permis de le réhabiliter » (sic)
Requalification urbaine : mot totem ou tarte à la crème ? Devant l’usage, l’abus et la profusion de références à la requalification urbaine dans les documents officiels et publics, Tristan Bernier tente une définition stricte de ce terme comme relevant de « diverses évolutions urbaines qui convergent vers une idée d’espace urbain conforme au paradigme d’aménagement en vigueur et à la vision d’un idéal politique de l’urbain ». Il intègre, dans les non-dits de cet idéal urbain voulu par les élus, les processus de gentrification. Celle-ci créerait une dy- namique en faveur d’un quartier plus propre, d’une réduction des problèmes d’insécurité, etc. (cf la création de la station Guillotière sur la ligne D du métro
TCL de Lyon). Autre non-dit précisé par Tristan Bernier lors d’un entretien : « le paradigme de la croissance et de l’at- tractivité qui se matérialisent par la sti- mulation du marché de l’immobilier et l’intensification de l’urbanisation ». Ces moyens de « requalification » auraient tous comme point commun l’évolution de la ville. L’auteur évoque la difficulté à en mesurer les bénéfices sur l’action urbaine, face à une « vision technicisée de la mobilité » aux effets plus quantifiables. Citant Jean-Marc Offner, il s’amuse de l’usage d’un autre « mot magique » : les effets structurants. Il explique l’association systématique du tramway à ces effets structurants qui « permettent de légitimer l’action publique (...) en énonçant les vertus sans toutefois les qualifier avec précision. » Un biais de légitimité supplé- mentaire en somme. Ces requalifications peuvent, de façon très concrète, agir sur les coupures urbaines, qu’elles soient physiques (relief, cours d’eau, emprises industrielles, ouvrages ferroviaires ou au-
toroutiers) ou psychologiques (une tra- versée d’axe ou de carrefour perçue comme périlleuse). Le mémoire cite un ensemble d’actions remarquables (de Nantes à Thiais) tout en insistant sur l’effet positif des tramways sur les micro-cou- pures créées par des voiries très larges ou par les trémies.
Le second impact relève de « l’embellis- sement » de l’espace public. Terme subjectif qui correspond, selon l’auteur, à un « ré- férentiel de la ville durable » dont le ver- dissement serait le symbole. Les plate- formes de roulement végétalisées sont, en effet, très valorisantes, même si elles exigent un travail en amont dans le choix des végétaux pour en limiter l’entretien. « De plus, l’arrivée d’un tramway peut être l’occasion pour restructurer des es- paces verts existants », rappelle l’auteur, qui cite en exemple la ligne T9 à Choisy- le-Roi (Val-de-Marne). Paradoxalement, ce n’est pas le cas à Besançon : l’abattage des platanes quai Veil-Picard continue de traumatiser les Bisontins qui y ont assisté ;
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