Page 40 - MOBILITES MAGAZINE N°62
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 mobilité urbaine / RÉSEAU
immobiliers situés dans le quartier de la Boucle de Besançon ont confirmé cette non-valorisation. L’auteur rappelle, qu’à l’inverse, dans les grandes villes et ag- glomérations, le corps ou le texte de l’an- nonce met en avant les transports en commun. Sur Besançon, les agents im- mobiliers interrogés relèvent que les stra- tégies résidentielles axées sur le tramway émanent d’étudiants, des céli-
bataires géographiques et des
jeunes ménages avec enfants
en bas âge. Or le tramway de
Besançon ne dessert pas les
pôles universitaires (hormis
les facultés de médecine et de
(6)
pharmacie) . Même contraste
en matière d’immobilier commercial. « Il serait erroné
d’affirmer [que le tramway] dynamise sys- tématiquement le commerce (...) les plus favorisés seront avantagés tandis que les plus vulnérables seront affaiblis, en raison de l’accroissement de la concur- rence » sur la zone de chalandise. Avec un bel euphémisme, l’Agence d’Urbanisme de Besançon centre Franche-Comté dé-
clare dans son Bilan LOTI consécutif au tramway que « les premières années d’ex- ploitation du tramway ne semblent pas avoir produit d’effet significatif sur les fonctions urbaines (...) La structure de la population, la structure des logements ou encore des prix immobiliers ne pré- sentent pas d’évolution remarquable au sein des secteurs traversés par le tram-
avec 33 000m2 de surfaces commerciales supplémentaires. Le Bilan LOTI relève pu- diquement que les « projections de réali- sation de ces projets urbains ont été parfois optimistes et certains programmes ont tardé ou tardent à se réaliser ». Outre le cas particulier du quartier des Vaîtes suscitant une très forte opposition locale, l’AUDAB note la disparition de l’ensemble
de logements dit des « 408 » à la station Brûlard, l’extension tardive (2018 au lieu de 2014) de la zone commerciale à l’Est sur la ZAC des Marnières. Tris- tan Bernier observe que la ZAC des Hauts du Chazal - initiée avant les travaux du tramway mais voulue dès 2008 à l’ex- trémité du réseau de TCSP -, a
comptabilisé 300 nouveaux habitants entre 2013 et 2018. Il constate, toujours à partir des données infra-communales IN- SEE, une absence de dynamique démo- graphique forte sur Besançon : 115 051 habitants en 2013 (dont 54572 dans le corridor tramway) puis 115 264 habitants (dont 55 039 dans le corridor tramway) en 2018. L’effet du tram sur l’attractivité démographique, s’il n’est pas nul, est faible (+ 0.86 % dans le corridor vs + 0.19 % pour l’ensemble de la commune). Son étude entreprise sur les permis de construire(8) déposés entre 2013 et 2021 permet de « constater une répartition ho- mogène des permis de construire octroyés entre 2013 et 2021 entre le corridor et hors corridor tramway (...) Toutefois, l’ana- lyse chiffrée de ces données spatiales semble converger vers l’idée d’une plus grande proportion d’opérations à grand nombre de logements (entre 50 et 200) au sein du corridor tramway. En 2016 et 2019, 65 % des logements autorisés l’ont été sur les 18 % du territoire que repré- sente le corridor tramway ». Il tempère
 way ». En somme « les acteurs privés ne se sont pas saisi de cette opportunité qu’est le tramway », résume Tristan Bernier avant d’enchaîner « ce sont donc les ac- teurs publics qui ont pris des initiatives », comme en témoignent la ZAC du quartier des Vaîtes (37 hectares, 2000 logements(7)) et à l’extrémité Est, la ZAC des Marnières
 Le tram-train, l’autre oublié du programme Bisontin.
 Les auteurs de l’enquête préalable à la dé- claration d’utilité publique de décembre 2010 font brièvement référence à une étude Systra de 2008 envisageant un tram/train sur Besançon. « Dans l’hypothèse d’un ma- tériel tramway sur fer l’étude sommaire mon- tre les potentialités de connexions tram/train : en gare Viotte (...) dans la zone de la Mouillère moyennant la construction d’une liaison tram- way de 500 mètres entre la gare de la Mouil- lère et la ligne de tramway, et en gare de Franois moyennant le prolongement sur 1300 mètres de la ligne de tramway ». Cette des- serte aurait eu un grand intérêt pour la liaison de l’imposant pôle hospitalier régional
J.Minjoz en particulier pour toutes les per- sonnes venant depuis la vallée du Doubs ou du Jura voisin. Hélas, cette réutilisation de la « croix ferroviaire » bisontine a fait long feu et fut proprement enterrée dès 2010 par les élus locaux. Elle ne fut pas étudiée en détails dans l’enquête publique soit en alter- native, soit en complément au projet. Comme si cela ne suffisait pas, la Région Bourgogne Franche-Comté et la direction régionale TER Bourgogne Franche-Comté ont supprimé toute desserte de cette gare TER de Franois depuis l’axe Dijon-Besançon à compter du service d’hiver 2018 mettant collectivités lo- cales, et usagers, devant le fait accompli.
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