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Gestion
La pénurie de main-d’œuvre force
les commerçants à repenser
le rapport à leurs employés
Si la rareté de main-d’œuvre fait rebondir l’épineuse question de la réduction des heures d’ouverture dans les commerces afin d’optimiser le temps de présence des employés dans les créneaux plus achalandés – tout récemment, Aldo, une des plus grandes chaînes de détaillants au Québec,
se prononçait pour une réduction des heures d’ouverture à 75 heures semaine – la pénurie provoque un éclairage plus large sur l’expérience employé et le dialogue entre patron et employés.
Manuel Champagne Directeur général
Détail Québec* Collaboration spéciale
Le statu quo n’est plus une option
Les chiffres ne trompent pas. Au dernier trimestre de 2022, on comptait près de 26000 postes vacants dans le commerce de détail au Québec. On parle ici d’emplois de première ligne en vente et en service à la clientèle, à combler dans tous les types de magasins petits ou grands, et dans toutes les régions du Québec.
Et selon les experts démographes, la pénurie de main-d’œuvre s’est installée pour au moins les dix prochaines années alors de toute évidence, les commerçants devront faire preuve de créa- tivité pour tirer leur épingle du jeu dans un marché de l’emploi des plus compétitifs. Le statu quo n'est plus possible : si on continue de faire de la même façon, on obtiendra les mêmes résultats !
Miser sur son équipe
Les difficultés de recrutement se traduisent au quotidien dans la gestion des équipes de travail. Les gestionnaires doivent sursolliciter les employés pour combler les plages horaires tout en leur demandant de travailler à équipe réduite : un cercle vicieux qui peut générer du stress, de la démotivation et d’éven- tuelles démissions. Les gestionnaires se sentent impuissants et démunis devant l’ampleur de ces défis de gestion et la recherche de solutions.
Les vraies questions à se poser ici seraient plutôt «Pourquoi les solutions devaient-elles toutes venir du patron? Pourquoi ne viendraient-elles pas des employés eux-mêmes ? »
En consultant régulièrement ses employés, on fait d’une pierre deux coups. On mise sur leur créativité pour identifier des solutions novatrices et on s’assure de mettre en place celles qui sont les plus susceptibles de leur convenir. Ce sont les bases du concept de l’expérience employé, qui s’impose actuelle- ment dans les approches de gestion des ressources humaines en entreprise. Déployer des moyens de communication pour maintenir un dialogue constant avec les employés de façon à permettre des ajustements réciproques constitue maintenant la norme des entreprises tournées vers l’avenir.
Former de façon stratégique
L’extrême concurrence observée sur le marché de l’emploi génère un autre phénomène avec lequel les entreprises doivent conjuguer : une augmentation significative du taux de roulement. Les opportunités d’emplois pullulent et les employés ont l’embarras du choix. Devant cette situation, certains gestionnaires doutent de la rentabilité d’un investissement dans la formation de nouveaux employés... qui ne feront que passer !
Un doute que doivent vite dissiper les détaillants en général et les quincailliers en particulier. Selon le sondage CROP/AQMAT réalisé auprès de propriétaires résidentiels : «En matière d’attentes envers le personnel des quincailleries/centres de réno- vation, l’expertise technique arrive au premier plan ». Les compé- tences des employés se positionnent donc au cœur de l’offre de services en quincaillerie, et la formation y demeure une solution de premier choix.
Un solide programme d’intégration des nouveaux employés s’avère un incontournable pour ne pas faire fuir la clientèle au premier contact. Cette étape réalisée, une foule d’options s’offrent aussi dans la façon de développer les compétences des employés. Des choix stratégiques s’imposent pour optimiser les retombées de la formation et heureusement, les solutions ne résident plus uniquement dans des cours de plusieurs heures en salle de classe.
38 ÉTÉ 2023 • AQMAT MAGAZINE