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La construction en hauteur affectera-t-elle les ventes des centres de rénovation ?
La construction en hauteur et la densification des quartiers pourraient annoncer une renaissance des commerces de proximité. La densification permet de rentabiliser les petits commerces qui, dans des édifices en hauteur, occupent les rez-de-chaussée et le premier étage. La densification urbaine devrait entrainer des changements dans les comportements commerciaux.
D es quartiers verts et à échelle humaine offrent une foule de « services : boulangeries, fruiteries, pharmacies et quincail- leries, rappelle Emmanuel Cosgrove. Dans des quartiers densifiés, une personne n’aura qu’à prendre l’ascenseur ou aller au coin de la rue pour faire ses achats. La quincaillerie du coin va s’ajuster en offrant des sous-produits comme la décoration,
des fleurs, de la vaisselle. »
Mais qu’en est-il du comportement des entrepreneurs qui construisent de plus en plus de bâtiments résidentiels de plus de quatre étages? Iront-ils toujours s’approvisionner chez leur centre de rénovation local pour leurs achats de matériaux ?
À défaut d’analyses ou de statistiques précises sur le sujet, certains acteurs du milieu confirment que des changements de comportement sont à prévoir tant du côté des entrepreneurs que des consommateurs.
«Si on parle de la construction d'une maison unifamiliale, les joueurs dans ce domaine-là vont souvent s'approvisionner exclusivement à la cour à bois, explique Patrick Mayer, un architecte de Repentigny impliqué dans des projets de multi logements. Mais pour réaliser des projets d'envergure qui exigent des matériaux plus spécifiques qui ne sont pas toujours vendus au détail ou qui sont moins abordables en centres de rénovation, ça se complique. »
Selon M. Mayer, les constructeurs s’approvisionnent dans les quincailleries et dans centres de rénovation pour les matériaux usuels, comme le bois d’œuvre, les pan- neaux de gypse et de contreplaqué. Mais pour certaines catégories de matériaux – briques, toitures, etc. – ils se tournent vers les nombreux distributeurs spécialisés et les fabricants directement.
Pour Jean-Marc Fournier, ancien ministre et actuel PDG de l’Ins- titut du développement urbain, la construction en hauteur pourrait annoncer certains changements pour les quincaillers, mais rien de révolutionnaire.
«On peut imaginer que les rénovations intérieures des proprié- taires ou locataires des unités d’habitation se maintiendront. On peut aussi croire que la diminution des espaces individuels extérieurs comme l’accès à une cour arrière pourrait influencer les types de produits mis en vente dans les quincailleries. »
Le P’tit conseil de l’AQMAT
Densification urbaine
Jean-Marc Fournier est le président-directeur général de l’Institut du développement urbain.
Pour rester dans le coup, tout centre de réno- vation doit s’intéresser aux types de matériaux utilisés en hauteur, à leurs formes et à leurs capacités, car une construction étagée a ses exigences. Et si la cour à bois locale ne tient pas de tels produits en inventaire ou ne peut
y accéder promptement, l’entrepreneur va court-circuiter ce magasin.
ÉTÉ 2023 • AQMAT MAGAZINE 37