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 Entrevue présidentielle
 J’ai récemment lu un article sur le secteur de l’alimentation. L’un des épiciers disait que les marchands affiliés à de très grandes
enseignes sont des entrepreneurs paresseux parce qu’ils comptent sur les services du siège social. Que pensez-vous de cette opinion ?
Je ne connais pas d’entrepreneur paresseux, que ce soit dans le réseau de Castle ou chez la concur- rence. Être un entrepreneur, c’est être toujours sur
le qui-vive. C’est donc une profession difficile. La différence, c’est que Castle a pour but de donner autant d’autonomie que possible à ses membres et de les laisser gérer leur entreprise à leur manière. C’est ma responsabilité de leur fournir des prix qui leur permettront d’être compétitifs, mais ils sont les experts de leur marché. Personne ne le connaît mieux qu’eux. Nous évitons donc d’entrer en conflit avec eux. Je dirais qu’il faut travailler un peu plus fort en tant que détaillant Castle. Mais, en fin de compte, vous êtes dans les affaires pour une raison principale : développer votre capacité à faire des profits. Nous constatons que notre modèle est très rentable pour ceux qui veulent travailler et s’investir dans leur entreprise. Franchement, c’est là que notre croissance se situe. Nous avons une vague de jeunes entrepreneurs qui se développent par croissance interne et par acquisitions. Mais cela demande du travail, c’est un parcours professionnel et un choix de vie unique.
Castle compte environ 350 magasins membres et est présent dans toutes les provinces, même au Nunavut. Le groupe est aussi actif au
Québec. Les membres québécois de la famille Castle représentent environ 10 % de ses points de vente. Est-ce que cela signifie que Castle peut encore croître au Québec ?
Castle est né en Ontario et a passé par-dessus le Québec pour établir sa marque et se faire connaître dans les provinces de l’Atlantique, puis a concentré
ses efforts dans l’Ouest canadien. Castle n’a jamais accordé l’attention nécessaire à percer efficacement le marché québécois, et c’est quelque chose que j’ai reconnu après avoir rejoint l’entreprise. Ayant fait des affaires au Québec dans mes fonctions précédentes, je connaissais l’importance de ce marché. C’est le deuxième plus grand au Canada dans le secteur de la rénovation. À mesure que nous conti- nuons d’évoluer, nous devons prendre la responsabilité de notre manque de pénétration au Québec, qui aurait dû être une priorité dans les années 60, 70 et 80. Franche- ment, nous accusons en quelque sorte un retard. Mais je suis heureux de voir encore des possibilités. Nous pensons que le Québec représente, bien honnêtement, la plus grande occasion de croissance pour Castle dans tout le pays.
Les perturbations dans la chaîne d’approvi- sionnement sont-elles terminées ?
Je pense que l’environnement géopolitique est encore fragile. Un certain nombre d’enjeux mondiaux pourraient avoir un impact sur la chaîne d’approvision-
nement. L’un des problèmes sous-jacents que la pandémie a révélés est que de nombreuses usines n’étaient pas en mesure de soutenir le rythme. Il y a eu des pannes, des
arrêts. Les fabricants et les distributeurs doivent envisager de réinvestir dans leurs infrastructures pour renforcer leurs capacités futures. Au début de la pandémie, en mars 2020, le Texas a connu un gel intense. Cet État est le principal producteur de latex et de résine. Les fabricants doivent maintenant être un peu plus intégrés verticalement. Ils doivent éviter les goulots d’étranglement qui ont créé des problèmes pour eux. Le grand défi à venir continuera d’être lié au transport, en particulier sur les routes d’un bout à l’autre du pays. Il est de plus en plus difficile de trouver du transport longue distance, par exemple du Québec vers le nord du Nouveau-Brunswick, jusqu’à Terre-Neuve.
Castle est, depuis le premier jour, l’un des promoteurs du programme « Bien fait ici ». Pensez-vous qu’il est possible de rester ouvert
à faire des affaires avec le monde entier, et en particu- lier avec nos voisins américains, tout en trouvant des moyens d’encourager les entreprises canadiennes?
Absolument. La garantie de Castle, c’est que c’est une entreprise canadienne. Nous n’avons aucune présence aux États-Unis. Lorsque nos concurrents
mettent des produits sur le marché, nous devons néanmoins nous assurer de pouvoir rivaliser. Je pense que tous les dé- taillants canadiens veulent soutenir les fabricants ou fournis- seurs canadiens qui proposent des produits de valeur égale ou supérieure à ceux de leurs concurrents étrangers. Il faut examiner comment nous pouvons soutenir les fabricants ca- nadiens en matière de fiscalité et de rentabilité. Je pense que, pour que cela se produise, il faut une collaboration, et je salue les efforts de l’initiative « Bien fait ici ». J’aimerais que davantage d’enseignes l’acceptent et l’adoptent. Nous sommes tous en concurrence les uns avec les autres, mais nous pouvons joindre nos forces pour contribuer au succès des fabricants et des fournisseurs canadiens.
   «Un groupement qui
prétendrait soutenir ses membres tout en possédant un magasin corporatif serait franchement
en conflit d’intérêts.»
ÉTÉ 2023 • AQMAT MAGAZINE 77
  













































































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