Page 29 - AQMAT Magazine Été 2024
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Les écofrais : signal
d’une économie
en transition
Que vous soyez quincaillier ou manufacturier,
ou encore groupement d’achats, force est
de constater que les écofrais sont incontournables dans la vie de votre entreprise tant en matière
de coûts que de paperasse.
n fait, les écofrais ou l’écofiscalité ne sont qu’un des nom- breux enjeux en lien avec le climat que les dirigeants d’en- treprise doivent gérer dans un contexte où les changements
climatiques peuvent représenter des risques entrepreneuriaux.
Selon les résultats du Baromètre de la transition des entreprises 2023, produit par l’organisme Québec Net Positif, près du quart (23 %) des entreprises québécoises estime subir une pression pour agir en fonction des changements climatiques et faire la transition vers une économie plus verte. Cette pression provient des clients, des grands donneurs d’ordre et de la réglementation.
Selon Anne-Josée Laquerre, directrice et co-initiatrice de Québec Net Positif, un laboratoire d’idées dont la raison d’être est d’accé- lérer la transition vers une économie sobre en carbone, les écofrais sont un signal de transition.
«Cela signifie qu’on évolue dans un secteur qui doit se placer sur une trajectoire de transition qui est plausible. Cette pression finan- cière est un signal que l’heure est venue de transformer ses façons de faire. Et si les changements ne viennent pas, ça va coûter cher. »
Un environnement d’affaires sous pression
Comment remettre en question le système actuel pour avoir de moins en moins d’écofrais à payer ?
« Il faut donc se questionner sur les façons d’optimiser l’ensemble du processus afin de réduire au maximum les matières qui seront rejetées, souligne Anne-Josée Laquerre. Si quelqu’un dit «Moi, je vais absorber les pénalités sans penser à modifier mes façons de faire, ses coûts vont certainement augmenter et il aura raté l’oc- casion de s’inscrire sur une trajectoire de transition. »
La pression qui se faire sentir dans l’environnement d’affaires québécois est sur le point de s’intensifier alors que le gouver- nement du Québec, via Éco Entreprise Québec (ÉEQ), s’affaire à transformer le système de gestion des matières résiduelles.
«Les changements annoncés dans le domaine de la collecte sélective ont pour effet d’augmenter la pression sur les produc- teurs de ces matières, rappelle Anne-Josée Laquerre. C’est une réalité dont les entreprises doivent tenir compte parce qu’elle se traduit par des exigences de conformité. »
Gestion
  E
   Anne-Josée Laquerre, directrice et co-initiatrice de Québec Net Positif.
Quatre tendances pour le manufacturier
Au Québec, selon un rapport de Québec Net Positif, quatre ten- dances directionnelles se dessinent pour les entreprises manu- facturières en route vers des processus sobres en carbone.
1. Productivité énergétique - Dans un contexte où l’élec- tricité n’est plus aussi abondante qu’avant, les entreprises réa- lisent que l’énergie à leur disposition peut rapidement devenir un enjeu et que les coûts risquent d’augmenter. En faisant l’analyse de sa productivité énergétique, les dirigeants se questionnent sur la façon dont l’entreprise utilise chaque mégawattheure fourni par Hydro-Québec pour comprendre les sources de gaspillage en lien avec la valeur économique qui est créée.
2. L'économie circulaire - Les stratégies de circularité visent à réduire la quantité de ressources vierges consommées; à éta- blir des circuits courts visant à intensifier l’usage des produits et à donner une nouvelle vie aux ressources. L’économie cir- culaire devient un levier essentiel pour relever les défis liés aux changements climatiques, à la raréfaction des ressources natu- relles et aux perturbations des chaînes d’approvisionnement, tout en favorisant la transition vers une économie sobre en carbone.
3. Les symbioses industrielles - Il s’agit d’une version avancée de l'économie circulaire. L’idée est d’aller chercher des matières qui sont déjà en circulation pour les réutiliser dans notre propre processus ou encore de mettre en marché des rejets pour les intégrer dans l'économie circulaire. On parle de symbiose industrielle lorsque deux entreprises sont inter- connectées. Par exemple, une usine génératrice de chaleur est interconnectée aux entreprises voisines dans son parc indus- triel pour faire une boucle de récupération et ainsi contribuer à chauffer les bâtiments des autres entreprises.
4. L’Industrie 5.0 - Après le manufacturier 4.0 touchant à la numérisation des procédés de fabrication industrielle, la version 5.0 vise une numérisation qui incluent les enjeux cli- matiques. L’idée étant de numériser des données qui peuvent être utiles pour comprendre les meilleures actions climatiques à mettre en œuvre.
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