Page 73 - AQMAT_Magazine_2023_automne
P. 73

 Les forêts ravagées par les feux de forêt génèrent d’excellentes conditions pour que prolifère un gros coléoptère, le longicorne noir, dont les larves se nourrissent du bois. Sa présence en soi n’est pas problématique, l’insecte est une espèce indigène, c’est la valeur du bois affecté qui s’avère accablante.
En effet, le bois des conifères récolté dans les forêts brûlées est marqué par des galeries de larves de longicorne. Ces cicatrices n’affectent pas la qualité structurale du bois ni leur grade – ce bois demeure de classe numéro 2 – mais visuellement, ce n’est pas la même chose.
« Du bois esthétiquement déficient, il va y en avoir de plus en plus dans les paquets. Le problème c’est que le consommateur, en quincaillerie, ne choisira pas ce produit, » croit M. Bruneau.
L’AQMAT interpelée pour monter au front
La direction des Chantiers Chibougamau juge important de mobiliser les constructeurs, les grandes associations et les médias autour d’une campagne en faveur du bois récolté en forêts brûlées et dont la qualité esthétique est affectée.
«Je souhaite que les quincailliers participent à l’éducation de leurs consommateurs en leur expliquant que les trous causés par les vers ne sont pas différents que les trous percés par un électricien pour passer le filage dans les murs; ces trous n’affectent en rien l’intégrité structurale du bois d’œuvre», mar- tèle Frédéric Verreault.
Le défi d’éviter le gaspillage d’arbres en santé qui ont été épargnés par le feu en faisant appel à la conscience environ- nementale des constructeurs et des consommateurs interpelle le président de l’AQMAT. Saisissant l’urgence de la situation,
Richard Darveau s’engage à engendrer un mouvement au sein des centres de rénovation et de leurs clients avec deux objec- tifs en tête : inciter le gouvernement à financer une campagne de publicité vantant les mérites du bois esthétiquement éprouvé et/ou à compenser financièrement toute la chaîne d’approvision- nement pour les pertes de revenu possibles.
«L’enjeu en est un de perception; le consommateur devant le 2x3 ou le 2x4 percé ici et là, pourrait considérer ce bois comme étant moins bon alors qu’il demeure absolument apte à bâtir des murs porteurs de maison. »
Pour M. Verreault, l’équation est simple: chaque fois qu’un distributeur de matériaux, qu’un entrepreneur ou qu’un consom- mateur accepte de construire avec des 2x4 affectés par les vers, il aura contribué à économiser un arbre vert qui n’aura pas été affecté par le feu.
«Nous, en tant que transformateur, nous travaillons à nous relever de la catastrophe. Cette année, notre mission est de récolter un maximum d’arbres qui ont été épargnés par le feu. On va tous avoir un problème si personne ne veut de ce bois-là »
Écolo
    L’urgence de récolter
et de transformer le bois brûlé
Les spécialistes estiment disposer d’environ douze mois pour récolter et transformer le bois qui a brûlé; après un an, les ravages causés par les longicornes seront trop importants.
SUITE DU DOSSIER FEUX DE FORÊT EN PAGE 74 > AUTOMNE 2023 • AQMAT MAGAZINE 73
  


















































































   71   72   73   74   75