Page 56 - AQMAT Magazine Été 2020
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Dossier pandémie
Accélératrice de changements
L
« Les primes de salaires en temps de crise sanitaire devront probablement encore être versées tant que la Prestation canadienne d’urgence
va rester », croit Guylaine Béliveau, directrice conseil rémunération chez Morneau Shepell.
Les augmentations de salaire vont-elles survivre à la pandémie ?
Nos marchands, possiblement plusieurs usines aussi, ont été forcés d’ajouter quelques dollars de l’heure au salaire de leurs effectifs. Ils ont souvent été obligés de revoir aussi le bouquet d’avantages sociaux afférents. Alors que la Prestation canadienne d’urgence va de prolongement en prolongement et que l’écoutille demeure assez fermée sur l’immigration, peut-on croire que les quincailleries, leurs bannières et leurs fournisseurs tiendront encore longtemps le plus petit bout du bâton en matière
de rémunération et de conditions à accorder à leur main-d’œuvre ?
es premiers à bouger les salaires devant la difficulté à recruter et à retenir des employés ont été les géants, Lowe’s et Home Depot qui, au Canada comme aux états-Unis,
ont dû accorder des hausses de salaire horaire à leurs employés réguliers, même à leurs temps partiels. Des assouplissements ont également dû être apportés par plusieurs autres marchands sous la forme de bonis, de primes de vacances, etc.
Par exemple, certains de nos membres ont réduit le nombre d’heures travaillées tout en payant une semaine complète de travail. Il fallait retenir les employés en temps de crise.
Quelques-uns, dont on va taire l’identité, ont joué de l’autre côté de la ligne de la légalité en acceptant que certains de leurs employés fins finauds reçoivent la PCU d’une main et quelques heures ou journées de travail de l’autre main.
Où s’en va-t-on à long terme en matière de salaires et conditions dans notre industrie ?
La pratique généralement établie de verser le salaire minimum (maintenant à 13,10 $ l’heure) pour les trois ou quatre premiers mois dits de probation fait-elle partie des victimes de la COVID-19?
Du côté des experts, l’avenir est teinté d’une rémunération plus dynamique. Les entreprises ont modifié leurs heures d’ouverture pour accommoder leurs travailleurs; on pense entre autres ici à la fermeture les dimanches, appréciée par une majorité de marchands membres de l’AQMAt – et devront en tenir compte dorénavant pour conserver la mobilisation et la motivation des employés.
Même peut-être plus. «Si les primes sont octroyées en raison des conditions de travail et du risque sanitaire, ces primes pourraient rester encore plus longtemps», ajoute-t-elle.
«Compte tenu que plusieurs secteurs tel que la restauration ou le manufacturier sont très touchés par la pandémie, il pourrait y avoir une plus grande disponibilité de la part des employés et ainsi enlever un peu de pression sur les salaires. Ce qui pourrait favoriser un secteur dynamique comme celui de la rénovation», précise Guylaine Béliveau.
Le président et chef de la direction de l’AQMAt, Richard Darveau, est plutôt d’avis que la croissance du chiffre d’affaires des quincailleries a un effet sur la valeur du commerce, mais n’influe pas la décision d’un chômeur à venir y travailler ou non.
M. Darveau croit dur comme fer que les organisations empathiques et faisant preuve d’un leadership humain, comme on en voit dans les pages de ce magazine, sortiront gagnantes de cette période trouble. « Au-delà des salaires, des primes et des avantages monétaires, il y a les horaires, les congés, le climat de travail, la santé et le mieux-être », rappelle-t-il.
Chaque décision, chaque initiative, chaque communication ou chaque silence envoie un message aux employés sur la véritable nature de l’organisation, sur sa philosophie et ses valeurs.
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