Page 101 - AQMAT_Mag_2021_automne
P. 101
Défi
entre-temps, le principal défi de l’entreprise de six employés est l’obtention d’un numéro de certification du Centre canadien des matériaux de construction (CCmC).
Depuis deux ans, l’équipe nature Fibres planche sur la rédaction d’un guide technique mettant en valeur les attributs du chanvre comme matériau d’isolation. À cela s’ajoutent les démarches pour obtenir l’homologation du Code du bâtiment du Québec et de la norme ISo qui va permettre de conquérir le marché du bâtiment institutionnel et commercial. un processus compliqué et lent.
«Je suis confiant que d’ici la fin de cette année, le panneau d’isolation de chanvre fabriqué à Val-des-Sources devrait être approuvé par le Centre canadien des matériaux de construction », soutient m. Provencher.
Dès cette étape franchie, l’homme d’affaires envisage une explo- sion de la demande. «on va devoir réagir vite et heureusement, j’ai déjà dessiné les plans de ma deuxième usine. »
Écologie fatale
Même si le chanvre n’est pas encore reconnu dans le Code du bâtiment du Québec, certains architectes n’hésitent pas à utiliser le produit comme isolant, mentionne Michel Provencher, directeur de l’usine.
Automne 2021 AQMAT MAgAzine 101
L’avis d’André Fauteux
— Éditeur et rédacteur en chef
du magazine La Maison du 21e siècle.
« Au Québec, on est retard de 20 ans par rapport aux Français et aux Allemands qui utilisent du chanvre
et de la peinture naturelle dans leurs projets de construction », déplore André Fauteux, éditeur et rédacteur en chef du magazine La Maison du 21e siècle. M. Fauteux admire les fabricants comme Nature fibres qui, depuis 2018, s’est lancée dans la fabrication
et la vente de panneaux d’isolation de laine de chanvre. « C’est toujours un défi, commente-t-il, et cela prend un bon budget marketing pour faire connaître le produit. »
La laine de mouton,
un isolant reconnu en France
En Europe, la laine de mouton
est utilisée comme isolant dans les murs de certaines maisons. Ce matériau
gère facilement la chaleur, la pluie,
le froid permettant de garder le confort de la maison tant l’été que l’hiver.
L’un des actionnaires de Nature Fibres, Sébastien Belec, déplore la lenteur des homologations qui représente un frein à la commercialisation d’isolants de chanvre ou de mouton. « Le chanvre nous offre une plus grande possibilité au niveau approvisionnement, car
il suffit d’augmenter la culture, afin d’avoir plus de matière première, difficile de faire cela avec la laine de mouton. »
M. Belec évalue que la région du Bas- Saint-Laurent produit avec ses moutons quelque 350 000 livres de laine. « Cela représente 50 % de la laine produite
au Québec. La difficulté réside dans le lavage de cette laine puisqu’elle contient passablement de saleté, car les animaux passent beaucoup de temps à l’intérieur l’hiver », dit-il.