Page 46 - AQMAT Magazine Automne 2022
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La même ambition est exprimée par Dylan Whiteduck, le jeune chef de bande de la communauté anichinabée de Kitigan Zibi. «C’est très difficile pour les entreprises d’avoir du succès sur le territoire d’une communauté; pour survivre, un commerce ne peut dépendre exclusivement de la population de la communauté. Il faut que la clientèle s’élargisse à la population environnante. Donc, oui il faut continuer à construire ses ponts entre nos communautés, construire notre économie avec l’aide des entrepreneurs, en soutenant l’achat local. C’est la meilleure façon de retourner de la richesse aux familles de nos communautés dans une région déprimée économiquement. C’est vraiment la seule façon d’avoir du succès. »
La génération montante au Québec incarne elle aussi un chan- gement de culture, selon le professeur de Concordia, Nicolas Renaud. «Du côté du Québec, je vois que la nouvelle génération n’a pas les mêmes réflexes par rapport aux Autochtones. Les jeunes
étudiants au Québec, au Canada, ne doutent pas de la parole des Autochtones quand ils disent vivre du racisme systémique dans les soins de santé, par exemple. Ils n’ont pas le réflexe de dire, comme le gouvernement québécois, que ça n’existe pas au Québec. Dans ce sens, c’est encourageant. La société change et les nouvelles générations sont ouvertes. »
Grâce aux nouvelles générations, «on vit une transition, un changement de culture, selon le professeur Pierre Trudel. Dans un processus de changement de culture et de niveau de conscience, plus la décolonisation se produit, plus les gens s’expriment, plus les colonisés s’expriment, plus on prend conscience des différents aspects de cette colonisation. Aujourd’hui, on fait beaucoup plus de nuances et on est plus proche de la réalité. Mais nous sommes encore à l’étape de prendre conscience du passé. Pas encore à la réconciliation. Il faut un véritable changement de culture.»
  Nous et les Autochtones
Adam Jourdain, en plus d’être directeur général adjoint
au Conseil des Atikamekw de Wemotaci, a déjà évolué pour les Huskies de Rouyn-Noranda. Il dirige l'école de hockey Jourdain-André-Pinette dans sa communauté natale
en compagnie de deux autres anciens joueurs de la LHJMQ, Napessis André (Saguenéens de Chicoutimi et des Voltigeurs de Drummondville) et Yoan Pinette (Olympiques de Gatineau, le Titan d’Acadie-Bathurst et les Saguenéens) également originaires de Uashat mak Mani-utenam.
 Affirmation autochtone pour
un développement économique en partenariat
Manon Jeannotte, directrice de l’École des dirigeants des Premières Nations, écrit dans un article récemment publié dans le magazine Les Affaires que «pour la première fois depuis très longtemps, la vision autochtone de l’économie est soudainement considérée.»
É
lue pendant 12 ans au Conseil de sa communauté (la Nation Micmac de Gespeg), diplômée de l’EMBA McGill-HEC, Manon Jeannotte se consacre aujourd’hui
«Le gouvernement du Canada a mis en place une exigence qui oblige les ministères et organismes fédéraux à attribuer un minimum de 5 % de la valeur totale des contrats à des entreprises appartenant à des Autochtones. »
à accompagner les Premières Nations dans la mise en place de leur développement des affaires et de leur gouvernance.
« La vérité économique autochtone, c’est que nous sommes désor- mais présents sur la scène et à la table avec une capacité grandis- sante à devenir des joueurs majeurs dans le paysage économique québécois, canadien ou mondial », affirme madame Jeannotte.
«On assiste de plus en plus à la mise sur pied de projets majeurs ayant comme partenaire une entreprise privée allochtone. »
«Plusieurs entreprises autochtones au Canada collaborent afin de faciliter la croissance de l’économie autochtone de 32 milliards pour la faire tripler dans les prochaines années. »
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«C’est donc dire que nous récupérons enfin la place que nous occupions jadis avec nos routes commerciales fructueuses. L’ouverture à comprendre que nous voulons avoir la responsabilité de notre développement économique est bien présente», d’affirmer Mme Jeannotte.
 













































































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