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  deux motopompes et appareillent. Dans le rush, un canotier s’est brisé un doigt. Qu’importe, seule compte la mission. Et son succès.
LES BÉNÉFICES DE L’ENTRAÎNEMENT
«Au feu!» Dans la cale du SKD, la bête rougeoyante a pris ses aises quand, à 20 h 55, le SNS 091 se porte à couple du chalutier en perdition. « Là, raconte Philippe Capdeville, j’ai confié le soin à mon second (Patrick Rabineau) avec ins- truction de bien gérer les pare-battages, car la mer n’était pas très bonne.» Litote de loup de mer. « Puis, poursuit-il, avec Christophe Pierre (dont le père Alois est aussi sur le 091 cette nuit-là), on est passés avec les motopompes sur le SKD. » Ils appliquent méthodiquement une procédure rodée par maints entraîne- ments : « D’abord, explique le patron, sécuriser les lieux avec la lance à mousse (cette dernière contient la diffusion des hydrocarbures en flamme). Puis dégager les bombonnes de gaz. Pas besoin d’une explosion. Ensuite, refroidir les issues du compartiment moteur et injecter de la mousse par l’aération moteur. » Le tout en sept minutes.
Reste encore à accéder aux machines. Un moment délicat, car ouvrir un accès, c’est créer un appel d’air qui relancera le feu. À 21 h 25, le feu est circonscrit. Encore dix minutes, il meurt, terrassé. Avec le patron revenu au bord de son SKD, deux décisions sont prises : aban- donner aux flots les coûteux chaluts. Sans moteur, sans hydraulique, ils ne peuvent être relevés. Et prendre en remorque le chalutier blessé. À leur nouveau mouillage de l’avant-port, les
sauveteurs confient aux pompiers l’un des trois marins du SKD placé plus tôt sous oxygène par suite de maux de tête dus aux fumées inhalées. Après l’ouver- ture de la petite passe – 19 mètres de large tout de même –, le SNS 091 pour- suit et mène le SKD au quai Charcot. À minuit et demi, il est amarré en sécurité.
LA SCOUMOUNE ?
« Au feu ! » Après qu’il ait sévi, reste à évaluer ses dégâts, gérer expertises et enquêtes, négocier avec l’assurance... Au matin du 21, Christian Lamidol, armateur du SKD, constate. Horrifié. Sont partis en fumée tous les travaux de modernisation menés voilà dix-huit mois sur un chantier de Port-en-Bessin. Et payés 250 000 €. Une somme pour sa petite entreprise familiale.
Et puis, le SKD accumule les soucis. Voilà quelques années, il a fallu héli- treuiller l’un de ses marins, blessé. Trois fois déjà, la SNSM est venue à sa res- cousse par suite d’avaries de barre. Il y eut aussi un premier incendie. C’était en janvier 2011. L’équipage l’a maté seul, mais le BEA mer, qui enquête sur tous les incidents graves, a rendu des conclu- sions sévères, imposé une remise aux normes...
Autre souci : aucun des quatre enfants Lamidol n’envisagerait de poursuivre la tradition familiale. L’entreprise SKD n’est pas qu’un chalutier, c’est aussi un étal sous la halle aux poissons. Un gagne-pain menacé pour une famille et ses employés. Aveugle, le feu s’en moque. Chaque année, il ravage quatre ou cinq chalutiers.
PATRICK MOREAU
Gravelines
Il est 3 h 28, dans la nuit noire de ce vendredi 4 octobre, quand retentit l’alerte des sauveteurs de Dunkerque et de Gravelines. La cause : deux embarcations en difficulté au large de Gravelines. C’est une course contre la montre qui démarre. Guidés par l’hélicoptère Dauphin de la Marine nationale qui a localisé les naufragés, les sauveteurs de la SNSM interviennent vers 5 h 10, dans des conditions météorologiques difficiles. L’une des embarcations prend l’eau, avec à son bord, des femmes et des enfants. Trente et une personnes sont secourues : treize par la SNSM de Gravelines, dix-huit par celle de Dunkerque. Juste à temps... « La première embarcation a coulé à l’issue de l’opération», indique la préfecture maritime de la Manche. Il était moins une ! « Le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord met en garde les migrants qui envisagent de traverser la Manche. C’est une zone où les conditions météorologiques sont souvent difficiles : cent vingt jours de vent supérieur ou égal à force 7, et donc dangereuse pour la vie humaine ! » Ramenés à terre, ils ont été pris en charge par les pompiers et la police aux frontières.
Pointe-à-Pitre
Ce 12 octobre, c’était la journée régionale de nettoyage des fonds marins et du littoral à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Alors qu’ils partaient nettoyer la mangrove, à l’entrée de la rivière Salée, les sauveteurs sont sollicités par le CROSS pour un voilier en panne de moteur. Ils l’ont pris en remorque et ramené dans la marina.
Barfleur
Le Tippoli, voilier de 14 mètres, contacte le CROSS Jobourg pour une panne de propulsion, au nord-est de la pointe de Barfleur, à 12 milles de la côte. Le canot SNS 086 Amiral de Tourville arrive sur zone. Deux sauveteurs sont transbordés à bord de l’embarcation qui est prise en remorque. Le voilier restera mouillé à un coffre à l’extérieur du port, les portes d’accès étant fermées. C’est la SNS 210 Président Jules Pinteaux de Saint-Vaast- la-Hougue qui l’accompagnera à quai, en fin de journée.
     Les coques en bois, comme celle du SKD, construite en 1988 au chantier Joubert à La Tremblade, résistent mieux au feu que les coques en polystyrène.
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 © Jean-Yves Sécher - Ouest France
© SNSM Dunkerque
SAUVETAGES














































































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