Page 7 - Copie de Les priosns de la raison
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NOTE D'INTENTION DU RÉALISATEUR

         Depuis longtemps, l'idée d'adapter pour l'écran cette pièce chorégraphique de
         mon frère, interprétée uniquement par des danseurs me trottait en tête. Laissant
         de côté provisoirement un projet de long-métrage, j'ai donc décidé de m'atteler à
         l'écriture de scènes additionnelles. J'ai essayé de construire une histoire simple

         et effrayante qui soit en parfaite adéquation avec l'intrigue existante, celle propre
         au ballet, tout en prenant garde qu'elle ne soit pas prédominante.



         Le film est découpé de la manière suivante : (1) une scène d'ouverture qui je
         pense prendra aux tripes, (2) la première partie du ballet, (3) une scène
         intermédiaire annonciatrice des événements qui vont se produire durant la
         deuxième partie dansée et (4) une séquence finale surprenante, le tout tourné
         dans un hôpital psychiatrique désaffecté.



         Et justement, concernant les prises de vue des parties ballet, le défi va être de ne
         pas trahir la chorégraphie et de ce fait, les danseurs. Sans oublier qu'ici, nul

         dialogue. Toutes les intentions, les émotions passent par leurs corps et leurs
         visages. Chaque personnage qu'ils incarnent représente un cas bien spécifique
         de folie et chacun a sa propre gestuelle. Les caméras devront capturer leurs
         mouvements même les plus anodins et filmer au plus près chacune de leur

         expression. Quant aux scènes additionnelles, elles vont servir de fil conducteur,
         mais aussi permettre une présentation plus circonstanciée des personnages
         créés par Jean-Jacques Vidal. Chaque scène du film en devenir, chaque plan,
         chaque mouvement de caméra, la lumière sont profondément ancrés dans ma

         tête. Tout est parfaitement compartimenté, précis. À ce propos, mes références
         sont allées chercher du côté d'un Cronenberg, d'un Franju, d'un Kubrick ou
         encore d'un Ken Russell. Oui rien que ça !



         J'aime les films de genre depuis l'enfance, à l'époque où ce terme on ne peut plus
         galvaudé de nos jours ne désignait pas uniquement des films "gore" mais un
         mélange qui allait de l'action fantastique en passant par le polar, la science-fiction
         et le thriller. J'aime avant tout un cinéma visuellement puissant mais aussi sensé

         et c'est ce que je vais essayer de faire “filmiquement” parlant en revisitant ses
         "prisons de la raison." Je veux en faire un film flirtant intelligemment avec le
         fantastique. Un film que je qualifierai de sombre et d'oppréssant.



         En résumé, je veux faire ce film, car jusqu'à présent, la danse mise en images
         n'existe généralement que sous forme de captations scéniques. Je voudrais avec
         ce projet que j'aime à penser novateur, sublimer cet art majeur à part entière (le
         sixième) et faire en sorte que les gens le perçoivent différemment.


                                                                                                     C.VIDAL
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