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Les jeunes mariés étaient dans l’inquiétude la plus totale. Ils ne            s’éteindre
                     65  revirent jamais le sorcier. Ils eurent un seul fils, qui les combla,         Mourir.
                        mais la menace du sorcier ne s’effaça jamais de leur esprit.
                        Augustin était un genre de savant touche-à-tout, adepte d’alchimie
                        et de biologie. Il travailla des années sur la malédiction et trouva
                        finalement la façon de la conjurer ! Il consigna minutieusement
                     70  toutes ses notes dans un carnet.

                        Lorsqu’il sentit arriver sa dernière heure, il fit venir son fils à son
                        chevet et lui confia son carnet en lui disant : « Il permettra d’aider
                        la famille qui en sera victime à conjurer le maléfice. Place-le dans
                        la bibliothèque, en lieu sûr, promets-… le-… moi… » Et Augustin
                     75  s’éteignit. Ces dernières paroles furent transcrites dans ce carnet
                        par son fils, qui y ajouta qu’il révélerait la cachette à ses enfants
                        quand ils seraient en âge de se marier.

                        Ainsi, au fil des générations, ce secret resterait bien gardé dans la
                        famille. Mais vois-tu, Grenadine, mon père est mort avant d’avoir
                     80  pu me confier ce secret. Je n’en connaissais que le lieu : la
                        bibliothèque. Bon ! Revenons à mon histoire. Les générations se
                        sont succédé, des petites filles sont nées, mais jamais un soir de
                        pleine lune. Jusqu’au jour où…

                        Isidore devint soudainement silencieux.                                       À quoi les points de
                                                                                                      suspension servent-ils ?
                     85  — Où quoi, grand-père ? Continue ! supplia Grenadine, qui sentait
                        qu’il lui cachait quelque chose.

                        Elle s’écria alors :

                        — C’est moi ! C’est moi la fillette de la malédiction,
                        n’est-ce pas, grand-père ? J’ai quasiment dix ans, et
                     90  ça fait presque dix ans qu’elle dure !

                        — Eh oui, c’est bien toi ! J’ai lu aussi dans le
                        carnet que la malédiction devait cesser au plus
                        tard le jour de tes dix ans, sans quoi elle serait
                        éternelle !

                     95  — Mais, grand-père, il faut aller chercher cette
                        mixture au plus vite ! Dans moins de quinze jours,
                        c’est mon anniversaire !




                        Lili CHARTRAND, Malédiction, farces et attrapes !, coll. Boréal Junior, Montréal,
                        Les Éditions du Boréal, 2000, p. 17-26.





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