Page 25 - Islenska
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monticules de terre s’élevaient. D’eux s’échap- paient des fumerolles chuintantes. J’appris plus tard la légende s’y raccrochant. Heureusement, au moment où je les voyais, je ne la connaissais pas. Elle m’aurait terrifiée. Il paraissait que ces vapeurs au loin, ces vapeurs sorties de terre, ces vapeurs sifflants de manière caverneuse, étaient les esprits tumultueux des créatures maléfiques. Ceux-ci tentaient de s’échapper des sous-sols maudits. Et si par chance, ils parve- naient à s’agripper à un corps, quel qu’il soit, ils en prenaient possession. Alors, le malheureux hôte du mauvais esprit perdait son âme au pro- fit des démons.
Encore sous le choc de la violence des images de la baleine, du renard et de l’ours blanc évis- cérés, j’errais en évitant soigneusement les mares de boue bouillonnante. L’elfe me rejoi- gnit sans rien dévoiler de ce qu’il venait de se passer. Il marchait simplement à mes côtés. Nous errions ensemble sans but, ressassant le rêve maudit. Sigurjón brisa le silence dans une tornade d’accusations. Il ne cessait de marte- ler tous les dangers qui provoquaient la perte de l’Islande. Il était ravagé. De tristesse et de haine. De cette terre si fière, de cette nature flamboyante, émergeait un péril surnaturel, une force venue de l’antre de la Terre, issue de la bouche de l’enfer. Cette force terrible se propa- geait dans le cœur des hommes plus fusante que l’explosion d’un geyser. Elle s’immisçait partout, sur tous les continents, dans tous les pays. Peu résistait à son attrait. Plus l’elfe parlait, plus il s’agitait. Et plus il s’agitait, plus le ciel s’assom- brissait. Au même moment, j’aperçus la face

































































































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