Page 26 - Islenska
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d’un volcan. Dans sa diatribe, l’elfe glissa son nom. Le Krafla. Je n’étais pas certaine d’avoir compris, mais il ne cessait de parler. Il était vain d’essayer de le couper. Quand soudain, il se fi- gea net. Le silence qui en résulta ne dura qu’un instant. Presque immédiatement, je perçus un bourdonnement. D’abord léger, puis sourd, jusqu’à devenir presque oppressant. L’elfe en- tama l’ascension. Je n’avais pas vraiment envie de le suivre vers cette source effrayante mais la curiosité et la peur de me retrouver seule prirent le dessus. Pas après pas, le sommet du Krafla se dessinait plus nettement, le ciel s’as- sombrissait toujours plus, le bourdonnement se faisait de plus en plus dense. Et ma nervosi- té croissait de niveau. Arrivée presque à hau- teur, ma frayeur s’évapora en un clin d’œil. Je ne posais aucune question sur ce changement. Sigurjón, tout à l’heure si énervé, montrait dé- sormais un visage presque hautain. Au fur et à mesure de la montée, je me sentais de plus en plus forte, sûre de moi, orgueilleuse, vani- teuse, invincible, et surtout au-dessus de cette nature si faible. Tellement facile de harponner une baleine, de tuer un renard ou d’occire un ours. Tellement facile de déforester, d’assécher un lac, et de construire, de bâtir sur des terres désolées. Arrivée au sommet je devenais surhu- maine. Je commandais aux fumerolles, au ciel, aux nuages, au vent, à l’eau, à la boue. Au som- met du Krafla, j’étais maîtresse de ces terres. Je surplombais le monde, le ciel aussi sombre que mon cœur, mon âme aussi impure que l’intérieur du volc... Tout s’arrêta brusquement. À l’instant même où mon regard glissa vers les entrailles du volcan, tout s’arrêta. La plainte sonore se