Page 71 - Islenska
P. 71

soumis à Sigurjón. Il s’en empara immédiate- ment. Le fanon s’anima aussitôt dans la main du gnome. La magie de l’elfe rendait son pouvoir à l’objet. Sans attendre, l’elfe entreprit l’escalade facile du monticule plat jusqu’en son centre. Sous ses frêles pas, le sol se craquelait dange- reusement par endroit. Dans le même temps, il récita quelques paroles féeriques. Le fanon s’ai- guisait davantage. Pour l’elfe, il était une perche trop haute et trop lourde. Il résistait à la tenta- tion de le faire traîner à la surface de Geysir. Les muscles saillants de ses bras supportaient la douleur. Les traits de son visage se crispèrent. Et toujours, incessamment, il continuait à mar- monner des paroles elfiques folles auxquelles je ne comprenais rien. Plus il approchait du centre, plus il avançait lentement, comme si une force l’empêchait de mener à bien sa mission. Autour de nous, les gens avaient disparu. La texture du ciel se modifiait. Sigurjón n’était plus qu’à quelques pas.
Quand il atteignit enfin l’exact centre, il chan- tait les incantations marmonnées jusqu’alors, tout en élevant, dans un effort titanesque, le fanon vers le ciel. Il le tenait fermement des deux mains. Si fermement qu’elles devinrent pourpres. Les incantations s’accélérèrent, le bonhomme rougissait de façon terrifiante et le ciel verdissait amèrement. La croûte du mon- ticule tremblotait à présent, je sentais la terre s’éveiller sous mes pieds. J’encourageais men- talement Sigurjón dans son effort. Lui, profé- rait ses chants magiques toujours plus vite, toujours plus fort, jusqu’à ce qu’un grondement sourd naisse des entrailles de la terre. Le vert

































































































   69   70   71   72   73