Page 72 - Islenska
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du ciel s’approfondit et le fanon s’illumina de faisceaux de lumière. À l’acmé des incantations, à la seconde précise, au moment exact où le geyser ne put plus trembler plus fort, à l’instant du spasme final, l’elfe, aux mains rougies par la brûlure du fanon luminescent, empoigna encore plus fort le fanon trop grand et frappa le centre de la cible-geyser de sa pointe. Foudroyée en plein cœur, il n’en fallut pas plus à Geysir pour s’extirper de sa torpeur. Un jet puissant se dé- chaîna à la verticale, fendit puis fracassa le mince monticule pour jaillir à l’air, en direction de ce ciel émeraude. J’étais comme sur le dos d’une baleine expulsant à la surface l’air de son évent.
Dans sa fougue à retrouver la sensation perdue depuis si longtemps, Geysir emporta Sigurjón dans son élan. Son petit corps propulsé dans les airs grâce à l’eau chaude des terres. Son visage si crispé et grimaçant il y a une seconde, res- pirait à présent le bonheur. Si haut dans le ciel, porté par le jet des entrailles de la terre, son regard laissa transparaître quelque chose d’in- définissable dont je ne compris la signification que bien plus tard. Le jaillissement du geyser se renforçait toujours plus, comme s’il ne vou- lait plus retourner dans le néant. Il finit par se confondre avec le ciel qu’il inondait d’eau.
À l’endroit même où flottait Sigurjón quelques instants auparavant, une lumière dorée scintilla tendrement. Puis, dans une implosion parfaite, elle recouvrit chaque goutte d’eau d’un reflet d’or. La vision merveilleuse de ces couleurs fée- riques, le goût d’une eau pure, la sensation des