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PORTRAIT FRANTZ
Frantz, béret vissé sur la tête, slalome entre les canapés du bric à brac, les bibelots, les livres, la vaisselle... la caverne d’Ali Baba d’Emmaüs Dé .
Frantz, sourire en or massif, af rme : « Maintenant je me lève avec la pêche ». Ce quadragénaire avancé, qui fait bien dix ans de moins, évoque ses années de galères en pointillés : deux ans dans un squat à côté de l’aéroport Charles de Gaulle, une année dans une tente au bois de Vincennes... C’est lors de ses six mois à Joinville le Pont qu’une maraude d’Emmaüs va le mettre en contact avec Hélio Borges, le responsable du dispositif « Premières Heures ». Frantz fait partie des 85% de béné ciaires du dispositif à être sortis de la rue et avoir obtenu un contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI). Pourtant Hélio raconte que les débuts n’ont pas été faciles pour Frantz : lorsque qu’il commençait sa semaine le lundi, il lui arrivait de se présenter le mercredi. Mais le dispositif est justement conçu pour être exible, pour s’adapter à la dif culté de la reprise d’un rythme de travail régulier. Frantz se souvient de cette année de reprise comme « magni que (...) Avec Hélio même le boulot c’est pas fatiguant, il met à l’aise », année au cours de laquelle son assistante sociale lui trouve une chambre d’Hôtel au métro Marcadet Poissonnier.
Suite à la semaine d’immersion prévue par Emmaüs Dé , pour que chaque nouvel entrant, qu’il sorte de grande école ou de « premières heures », découvre les différents métiers de ses salariés, Frantz a « un coup de chance ». Il se voit attribuer une place aux meubles : « C’est ce que je voulais, c’est un coup de yoyo ». Dans une vie antérieure, Frantz a en effet travaillé pour des agences d’intérim comme livreur et monteur de meubles pour des entreprises. L’aspect « création » lui plaît plus que d’autres fonctions de tri ou de collecte : « ça m’occupe l’esprit, ça fait du bien ». Faisant partie des trois salariés en parcours d’insertion recrutés en décembre 2017, Frantz con e : « J’ai 3 lles, je le fais surtout pour elles. J’ai besoin de 5 ans pour réussir ma vie, un appart et les enfants un week-end sur deux. C’est mon dé . C’est pour ça le nom, Emmaüs Dé , ça me plaît bien. Emmaüs Dé c’est mon dé ».
En n, Frantz termine par une grande nouvelle. Il a obtenu une place en Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) dans le VIIe arrondissement, « à côté de la Tour Eiffel ». Son visage se découpe en deux pour laisser place à un énorme sourire « Et oui baba, à côté de la Tour Eiffel ! Je suis un bourgeois maintenant (rire). L’avenir me sourit, je veux foncer ».
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